Situant son action dans une des villes souvent mentionnées par le Nouveau Testament, il évoque un drame social, présent au Moyen-Orient comme  ailleurs.

La bourgade galiléenne de Capharnaüm figure plusieurs fois dans le parcours de Jésus. Il s’agit d’une ville de pêcheurs, au bord du lac de Tibériade, dont le nom hébreu signifie « village du Consolateur ». D’après l’évangéliste Matthieu, Jésus est venu appeler « non pas les justes mais les pécheurs » (Mt 9,13). Ça tombe bien, car avec ce titre, le cadre du film est posé : dans une ville grouillante, au milieu d’immeubles délabrés et de bidonvilles, des gens de la rue cherchent à survivre dans la crasse et la misère. Certains sont pécheurs : des marchands de sommeil aux passeurs de migrants vers la Turquie, sans compter les violeurs et les marchands d’enfants.

« Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts ! » (Luc 10,15)

Parmi ces enfants, le jeune Zain, du haut de ses 12 ans, console sa sœur Sahar et le bébé Yonas, réalisant parfois de petits miracles, qui arrachent des sourires aux spectateurs de ce film franchement dramatique. Pourquoi met-il à la poubelle des friandises alors que sa famille a faim ? Parce qu’il ne s’en tient pas à l’apparente générosité, parce qu’il sait distinguer le bien du mal. Parce qu’il sait que ces dieux ne sont pas Dieu. Ce n’est qu’en rencontrant la belle Éthiopienne Rhali qu’il apercevra la lumière. Cette mère célibataire est aussi misérable que lui, à un détail près : l’amour !

Misère et maltraitance infantile

Plus intensément qu’un documentaire, ce film social dénonce la misère et la maltraitance infantile, réalité tragique au Proche-Orient comme ailleurs. L’issue proposée est poussée à l’extrême : Zain intente un procès à ses parents pour l’avoir mis au monde et demande au juge de les empêcher de faire d’autres enfants. Est-ce à dire qu’en dehors de la stérilisation forcée il n’y a pas de solution ? Les parents se défendent, en arguant que ce n’est pas parce qu’ils sont pauvres qu’ils n’ont pas leur place sur terre.

Au final, ce qui distingue Rahil des parents de Zain, c’est un détail invisible à l’œil nu, mais visible avec le cœur : l’amour. Ils l’insultent, l’exploitent, le battent. Elle câline, elle pense à l’anniversaire de son fils, elle partage avec Zain, elle les lave, elle les défend… par amour filial, pour l’autre et l’Autre. Cette histoire est une illustration de la première lettre de Paul aux Corinthiens : « J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante (…) J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. » (1 Corinthiens 13,1.3) Âmes sensibles s’abstenir. Les scènes s’enchaînent plus dures les unes que les autres, dans une tension permanente et un réalisme poignant.