Catherine de Bourbon (1559-1604), princesse de Navarre, et son frère aîné Henri, furent les seuls survivants des cinq enfants de Jeanne d’Albret et Antoine de Bourbon.
Catherine fut élevée au milieu des guerres civiles et des affrontements religieux. Son âme énergique, la force de sa volonté, lui permirent toujours au cours de sa vie d’être le recours et la protection des persécutés du « parti protestant ».
Une enfance protégée
Jeanne d’Albret ne voulut pas se séparer de sa fille Catherine. Elle s’en occupa personnellement et l’instruisit elle-même dans la religion protestante. Jeanne d’Albret surveilla de près sa formation assurée par les précepteurs Florent Chrétien et, sur tout, Charles Macrin, humaniste et poète. La mère et la fille étaient inséparables.
Le drame de la mort de sa mère et celui de la Saint-Barthélemy
Aussi, la mort de Jeanne d’Albret en 1572, suivie presqu’immédiatement par le massacre de la Saint-Barthélemy au cours duquel Charles Macrin fut assassiné, eut un effet terrible sur la petite princesse alors âgée de treize ans.
Forcée par la contrainte d’abjurer, otage surveillée de près et isolée à la cour de France, entourée d’un milieu hostile, pleurant sa mère et son précepteur, Catherine ne put s’échapper et gagner le Béarn qu’en 1576. Pendant près de quatre ans, elle ne put compter que sur sa foi et la force de son caractère.
Régente du royaume de Navarre
Parvenue à Pau, elle revint aussitôt au protestantisme, fidèle à elle-même et aux dernières volontés de sa mère. Elle ne devait plus quitter le Béarn de longtemps, car son frère Henri, roi de Navarre, allant d’un champ de bataille à un autre, lui confia la régence de son royaume. Aidée par Bernard de Montaut, elle administra ce royaume et le défendit avec succès en lui vouant sa volonté, son courage et son abnégation. À différentes reprises, elle assurera le financement des armées de son frère en mettant en gage ses bijoux. Un édit du 12 juillet 1587, imposé par la Ligue catholique au roi de France Henri III, annule toutes les dispositions d’entente, ordonnant notamment la restitution à la Couronne des places de sûreté protestantes ainsi que la destitution du roi de Navarre. Les « bijoux » de la princesse de Navarre contribuent à l’organisation des armées protestantes qui, le 20 octobre 1587, écrasent de façon magistrale à la bataille de Coutras l’armée royale. Catherine « a bien mérité de son frère ».
Un grand amour contrarié
Il est possible que Charles de Bourbon, comte de Soissons, demi-frère du prince de Condé, ait fait partie des messagers envoyés par Henri à sa sœur pour annoncer la victoire de Coutras. Prince du sang, jeune chef militaire de talent, brillant cavalier, élégant courtisan, Charles a fait ses premières armes dans le camp catholique. Il a adhéré à la Ligue et a été nommé chevalier du Saint-Esprit. Il change brusquement de camp, et soutient son cousin le roi de Navarre, se distinguant à la bataille de Coutras. Séduite par sa prestance, impressionnée par ses exploits, l’austère princesse Catherine devient éperdument amoureuse de son lointain cousin. À Pau et à Nérac, la cour de Navarre s’empare de l’idylle naissante, très vite devenue une affaire d’État.
Catherine est alors âgée de vingt-huit ans. Les sœurs de roi sont alors des pièces sur l’échiquier européen, elles doivent être mariées pour des raisons politiques. Ses sentiments parlent pour la première fois et l’emportent sur le respect de la volonté de sa mère qui la mettait en garde contre un mariage avec un catholique. Le roi de Navarre ne semble pas hostile aux sentiments de sa sœur à l’égard du comte de Soissons et serait disposé à consentir à un mariage…