Il y avait de l’ambiance, jeudi 21 avril, dans la salle de cinéma du Forum des images, dans le centre de Paris, rapporte Télérama. Projection spéciale oblige. Ce matin-là, cinq classes REP (réseau d’éducation prioritaire), de l’élémentaire au lycée, étaient là afin de présenter un court métrage élaboré durant deux ans, relate le magazine. Un événement qui s’inscrit dans le cadre du programme d’éducation à l’image du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), intitulé Les Enfants des Lumière(s). 

Ce travail d’élaboration de courts métrages a pris du temps : un an pour l’écriture des scénarios, une semaine pour les tournages et quelques mois de post-production. “Cela a demandé beaucoup de temps mais on ne voyait pas les journées passer car on aimait ce que l’on faisait”, raconte auprès de Télérama Sarah, jeune actrice. “Un jour, on pourra montrer le film en DVD à nos enfants, à nos amis”, ajoute Mohamed, comédien de 9 ans. 

Tous deux, élèves de l’école élémentaire Pajol (18e), ont participé à l’écriture et à la réalisation du court métrage Perdus dans Paris, une comédie musicale inspirée de Jacques Demy, qui retrace le trajet jusqu’au 18e arrondissement de la capitale de six élèves oubliés par leur maîtresse sur le Champ-de-Mars, précise Télérama. “On ambitionnait chez les élèves un travail quasi professionnel. C’était aussi enrichissant pour eux que pour moi et cela a eu des répercussions sur leur forme pédagogique”, explique Véronique Moreau, l’enseignante qui encadrait l’équipe d’enfants de CE2, CM1 et CM2.

Réappropriation 

François Guillen, professeur de français au collège Georges-Pompidou de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), a créé une classe de 4e cinéma. “L’intérêt, notamment pour des élèves de REP est de les ouvrir à des expériences qu’ils ne connaissent pas. L’immersion dans le monde du cinéma leur permet de rencontrer des professionnels, de découvrir de nouveaux lieux comme la Fémis ou la Cinémathèque”, soutient-il auprès du magazine culturel. Les élèves ont décidé de parler d’un sujet qui les touche au quotidien : la précarité. Le court métrage Mille Euros, qu’ils ont réalisé, évoque les enfants “qui souffrent eux aussi de la situation de leurs parents”, décrit Hadja, actrice principale de 15 ans. “Ce film montre qu’on ne doit jamais lâcher dans la vie”, commente Lassyna, un autre jeune acteur. 

Objectif aussi, selon Daphné Bruneau, directrice adjointe de la création, des territoires et des publics du CNC, citée par Télérama : la réappropriation de la culture et du cinéma par des élèves “qui peuvent être en perte de confiance”. “On se devait de leur prouver que les salles, les cinémathèques sont aussi des lieux pour eux”, avance-t-elle. Beaucoup d’élèves sont désormais devenus des cinéphiles, relate le magazine : certains entendent même se lancer dans une carrière d’acteur, de réalisateur ou de technicien.