C’est une belle histoire qui pourrait inspirer un scénariste. À 20 ans, David Hertzog Dessites nettoyait les abords du Palais des festivals de Cannes en toute discrétion et rêvait de faire du cinéma. Samedi 18 mai, il marchera sur le tapis entouré de son équipe, sous les objectifs des photographes. Devenu cinéaste, il vient pour présenter son film intitulé Il était une fois Michel Legrand. Il sera projeté en avant-première dans la catégorie Cannes Classics, celle des documentaires et des grands films restaurés, explique Ouest-France.
Autrefois, “pendant le festival, on me faisait souvent travailler près du palais de 3 h à 8 h ou 9 h du matin”, a écrit David Hertzog Dessites à son meilleur ami, dans la foulée de l’annonce de la sélection de son film. Autre anecdote : “Une nuit, tout seul, vers 4 h, j’ai posé mon balai et mon charreton dans un coin et j’ai gravi l’escalier pour voir la ville du point de vue des stars. Je me suis allongé sur le tapis rouge, j’ai regardé le plafond étoilé et je me suis dit : ‘Un jour, je viendrai ici avec mon film.’” À l’époque, il n’y avait pas encore de dôme pour protéger les acteurs en cas d’intempéries.
Il filait regarder les films après le travail
Aujourd’hui âgé de 51 ans, “l’adulte [qu’il est] devenu va prendre la main de l’enfant [qu’il était] pour l’amener au bout de son rêve”. Un tout jeune homme “dans un grand désespoir après la mort de [sa] maman ». « Comme elle était employée à la ville, la mairie m’a proposé ce poste de balayeur et ripper à l’arrière des bennes à ordures. Complètement perdu, sans diplôme, j’ai accepté pour subvenir à mes besoins.” De ces “quatre ou cinq ans” au service de la commune, le cinéaste dit avoir gardé “un profond respect pour les agents de salubrité”. C’est à ce moment de sa vie qu’il a rencontré celle qui allait devenir la mère de ses deux fils. “Et que j’ai étoffé ma cinéphilie et ma vie”, poursuit David Hertzog Dessites.
À l’époque, “d’anciens copains de classe qui étaient ouvreurs au Palais” le laissaient entrer après sa journée de travail. Le jeune homme prenait auparavant le soin d’enfiler un costume de ville. “J’y ai pris une foule de films en route, découvrant le cinéma italien avec Nanni Moretti, russe avec Nikita Mikhalkov, chinois avec Zhang Yimou… Cannes m’a ouvert au monde”, explique le cinéaste. De quoi alimenter également son rêve de faire du cinéma. “Ma mère m’avait laissé un petit capital décès que j’ai utilisé pour acheter une caméra et partir aux États-Unis faire un film sur les fans de Star Wars”, raconte-t-il. De retour en France, il trouve un diffuseur. Puis, il devient réalisateur de making of de films.
Aujourd’hui, David Hertzog Dessites est, avec son ami Julien Azoulay, à la tête d’une société spécialisée dans les bandes-annonces. Et avec l’aide de son fils aîné, il a fondé Le Sous-Marin Productions, dont le nom est un clin d’œil “au temps qu’on met parfois avant de faire surface !”