C’est le film qui, actuellement, fait beaucoup parler. Athéna, le nouveau long-métrage de Romain Gavras est disponible sur Netflix depuis le 23 septembre. L’histoire se déroule dans une cité fictive qui porte le nom de l’œuvre, laquelle se réclame de la tragédie grecque. Athéna suit notamment le destin chaotique et tragique de trois frères après la mort de leur benjamin sous les coups de ce qui semble être, de prime abord, la police. Trois ans après Les Misérables, de Ladj Ly (couronné du prix du Jury au Festival de Cannes en 2019), c’est donc la sortie d’un nouveau film coup de poing autour des mêmes thèmes (quartier populaire, police, jeunesse — entre autres). D’ailleurs, le scénario d’Athéna a été co-écrit avec Ladj Ly.
“J’ai toujours pensé que le cinéma devait avant tout toucher nos sens”, précise Romain Gavras dans une interview à Télérama, à qui il explique le but du film : “faire une œuvre sensorielle”. Et de détailler : “En respectant l’unité de temps et de lieu propres à la tragédie, nous mettons le spectateur en immersion dès le début et nous ne le lâchons plus. Cette immersion est accentuée par les nombreux plans-séquences qui suivent le point de vue de chacun des quatre personnages principaux. Il était important de faire vivre l’urgence d’une situation hautement violente et de montrer à quel point il est difficile de réfléchir à nos actions et à leurs conséquences lorsqu’on se retrouve au pied du mur.”
“Désinvolture politique”
Mais le troisième film de Romain Gavras (après Notre jour viendra en 2010 et Le monde est à toi en 2018) suscite des avis bien partagés. Le cofondateur de Mediapart Edwy Plenel l’a encensé et s’est dit “sous le choc” après l’avoir vu. Sur Twitter, il écrit : “Opéra tragique, prouesse cinématographique, un film coup de poing qui nous oblige à regarder en face la colère qu’enfante un monde sans espoir.” Le Parisien parle du “grand film de la rentée.” 20 Minutes, le Journal du Dimanche et GQ ont également fait l’éloge du film, note Marianne qui, lui, évoque pour sa part “la banlieue fantasmée par un bourgeois.” Libération, quant à lui, n’est pas tendre et estime que “Romain Gavras assomme le spectateur avec une désinvolture politique qui force l’irrespect.”
“Ni les discours aux flambeaux d’un seigneur de guerre christique, ni la musique originale du compositeur Surkin sur des chœurs d’enfants qui psalmodient en grec n’arrivent à convaincre que ‘Athena’ existe pour autre chose que son déluge stylistique. Sûrement pas pour ses personnages (ou les banlieusards du monde réel qui leur servent de modèle), puisqu’il n’y en a aucun”, poursuit le quotidien de gauche. “Qualité de la réalisation mise à part, on se croirait souvent dans les reportages anxiogènes et sensationnalistes de BFMTV”, tranche Télérama. Malgré l’esthétique léchée du film, les critiques fusent de toute part et regrettent le manque d’épaisseur des personnages. Sur les réseaux sociaux, c’est la même chose. Sur le fond : “Quand un film est adulé par la critique et détesté par les gens qu’il dépeint il faut se poser des questions. On préfère ne pas être représenté au cinéma que défigurés dans vos films”, écrit une internaute sur Twitter. Faut-il alors regarder Athéna ? Oui, au moins pour s’en faire sa propre idée.