L’Etranger, un film de François Ozon, avec Benjamin Voisin, Rebecca Marder, Pierre Lottin
Alger, en 1938. Meursault, modeste employé, enterre sa mère sans manifester la moindre émotion. Le lendemain, il commence une liaison avec Marie et reprend sa vie de tous les jours. Son voisin, Raymond Sintès, l’embarque dans des histoires un peu louches, jusqu’à ce que Meursault commette l’irréparable, sans raison apparente, en tuant un homme sur la plage.
L’Etranger est une adaptation du célèbre roman d’Albert Camus d’un point de vue post-colonial. On le perçoit dès la scène d’ouverture et jusqu’à la dernière image. L’arabe tué par Meursault n’a pas de nom dans le roman de Camus, il en a un dans le film d’Ozon. Le film est aussi un regard d’aujourd’hui sur le récit quant aux violences, au sexisme et à la masculinité toxique de l’époque.
Quoi qu’il en soit, l’énigme Meursault demeure. Le film ne cherche pas à le résoudre et préserve son mystère. Le portrait de cet homme qui refuse de se plier aux faux semblants et aux conventions, et dont l’indifférence dérange, demeure troublant. Son geste reste inexplicable, tout comme son attitude. C’est un récit de l’absurde. Mais qu’est-ce qui est absurde ? La vie ou les idéologies et les conventions sociales ? Comme celles qui conduisent à condamner un homme, moins parce qu’il a tué un arabe que parce qu’il n’a pas pleuré à l’enterrement de sa mère…
Le film est très beau dans sa mise en scène classique (dans le bon sens du terme) et dans un magnifique noir et blanc. C’est aussi assez lent, avec des scènes de procès qui […]

