L’homme est poursuivi pour exploitation de travailleurs, prise en otage d’enfants et abus sexuels. Il s’agit du lama belge Robert Spatz (qui vit aujourd’hui en Espagne), fondateur de la communauté bouddhiste Ogyen Kunzang Chöling (OKC) créée dans les années 1970. Cet homme est un pionnier de l’importation du bouddhisme tibétain en Europe, rappelle Le Monde. Réalisé par Élodie Emery et Wandrille Lanos et disponible sur Arte, le documentaire Bouddhisme, la loi du silence s’ouvre sur le combat judiciaire mené par Ricardo Mendes, qui a vécu dans cette communauté recluse. Le procès demeure le fil rouge de cette enquête et Ricardo Mendes est d’ailleurs le porte-parole de vingt-trois parties civiles victimes de Robert Spatz. 

L’enquête documente les sévices subis par des enfants abandonnés par leurs parents dans le centre OKC de Castellane, au coeur des gorges du Verdon, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Alors enfants dans les années 1980-1990, plusieurs victimes témoignent de viols ou de maltraitances endurés au “Château-de-Soleils”. C’est là que vivaient alors une soixantaine de mineurs. Coups, privations de nourriture et viols auraient été le quotidien de certaines et certains. 

“Effet salutaire de libérer la parole” 

Cette enquête rappelle que “cette religion requiert une dévotion totale de l’élève, lequel doit certifier à son maître de garder le secret sur les initiations auxquelles il doit se soumettre : un terreau idéal pour couvrir d’une chape de silence les abus de toute nature”, indique Arte. Car au-delà de cette structure du sud de la France, depuis que le bouddhisme tibétain s’est imposé comme un phénomène de mode dans les années 1960, en Europe notamment, plusieurs les scandales sexuels ont été mis au jour. Le documentaire dénonce notamment un certain attentisme de la part du représentant de cette religion, le dalaï-lama. 

Dans un entretien au journal Le Monde, Antony Boussemart, coprésident de l’Union bouddhiste de France (UBF), estime que la diffusion de ce documentaire est une “excellente nouvelle”. “Il est essentiel pour les victimes que leur parole soit entendue. Ce documentaire aura peut-être l’effet salutaire de libérer la parole (…). Cette enquête est donc bienvenue de ce point de vue, j’espère qu’elle pourra servir d’aiguillon pour donner du courage à d’éventuelles victimes qui ne se seraient pas encore manifestées”, dit-il. En revanche, ce dernier n’est pas d’accord avec l’utilisation du mot “système” pointé par le documentaire. “Je trouve cela très dangereux, car cela laisse entendre que, derrière les quelques affaires évoquées, il y a une organisation machiavélique, ce qui n’est évidemment pas le cas.”