Dieu, notre Mère ? Ces dernières années, un tel langage a pu stupéfier dans les Églises. Mais il n’a en fait rien de novateur… Une femme mystique de l’est de l’Angleterre, dont la vie s’est étendue de 1342 environ à 1416, le développait déjà. Elle, c’est Julienne de Norwich. Cette femme vit en recluse, c’est-à-dire dans la solitude, à l’écart du monde. En 1373, elle reçoit une série de seize visions ou révélations, dont elle dictera plus tard le récit.

Comme il est vrai que Dieu est notre Père, il est également vrai que Dieu est notre Mère. Il dit en effet : ‹ Je suis la puissance et la bonté du Père ; je suis la sagesse de la Mère ; je suis la lumière et la grâce qui est amour heureux ; je suis la Trinité ; je suis l’Unité. ›

Julienne de Norwich, Révélations de l’amour divin (XIVE–XVE)

Pour Julienne, Dieu n’est qu’amour, débordant de bienveillance et de grâce. Une pensée dense, qui n’a rien de mièvre ni de simpliste, mais qui la met en tension avec l’enseignement de l’Église de son temps. Ses textes spirituels sont d’ailleurs très théologiques, même si elle n’a jamais étudié la théologie à proprement parler. Et pour la qualité de sa plume, on l’a aussi surnommée la « première femme de […]