Simplement intitulé “Afghanes”, le documentaire réalisé par Solène Chalvon-Fioriti raconte la vie des femmes dans le pays repris par les talibans depuis le 15 août 2015 et qui s’enfonce dans la crise économique. Si celle-ci frappe tout le monde, les femmes subissent en même temps une réduction de leurs droits qui amplifie ses effets. Dans une interview accordée au HuffPost, la réalisatrice explique : “Le pays est de plus en plus répressif et la pauvreté est effarante”. Les femmes qui ont accepté de témoigner à visage découvert dans son film, elle les connaissait pour la plupart depuis longtemps.

Pour les protéger, elle a utilisé des prénoms d’emprunt et n’a donné que très peu d’indication sur les lieux de tournage. Et, pour des raisons de sécurité, “Afghanes” ne sera diffusé ni en Afghanistan, ni au Pakistan, ni au Qatar. Le téléspectateur découvre tour à tour Jamail, qui a été contrainte de vendre trois de ses filles pour assurer la survie de sa famille. Arezo, elle, est une cheffe d’entreprise toujours en activité. “Elle est prête à prendre une balle sur sa chaise et elle le pense”, commente la réalisatrice. En revanche, Suraya a trop peur d’aller travailler. Alors, elle reste cloîtrée chez elle avec sa mère et ses sœurs, de crainte d’être mariée de force à un ancien combattant taliban, et sa santé mentale est en péril. Il y a aussi Sparkhai, qui tient une école clandestine pour adolescentes ou bien encore la petite Wawrina, qui s’apprête à quitter le pays avec sa famille.

Inimaginable et inhumain

Le documentaire rappelle également que le calvaire des femmes, imposé à chaque fois au prétexte de protéger leur honneur, n’est pas neuf. Certains n’ont pas attendu le retour des talibans pour entamer le processus d’effacement du féminin. Si les mesures prises à leur encontre n’avaient jamais été aussi nombreuses et aussi extrêmes que depuis un an et demi, “le sud du pays, par exemple, a une mentalité extrêmement conservatrice, très empreinte de codes coutumiers et tribaux, qui supplantent de très loin la charia, à différents égards”, précise la réalisatrice.

“Instrumentalisées”, les femmes afghanes “n’ont pas pu se défendre lors des processus de paix qui ont conduit au retour des talibans”. En Afghanistan, aujourd’hui, la violence est partout et multiforme. “Les enfants ont peur des talibans, les adultes ont peur des talibans, les animaux ont peur des talibans”, résume une fillette, en les regardant passer sous une fenêtre du logement familial. Ce que vivent les Afghanes est inimaginable. Inhumain, aussi.

Pour regarder le documentaire “Afghanes”, disponible jusqu’au 19 juillet 2023 sur franceinfo, cliquez ici. Durée : 1h14.