Difficile de faire du cinéma en Chine. Personne ne semble être à l’abri de voir son film censuré, pas même quand celui-ci est déjà sorti en salles. Le film chinois Return to Dust, du réalisateur Li Ruijun, en a fait les frais. Depuis le mardi 27 septembre, le film s’est volatilisé des écrans et des plateformes de streaming. Pourtant, note RFI, depuis trois semaines, le long métrage faisait un carton en salles. 

Énorme succès

Return to Dust, film dont l’histoire dépeint avec réalisme la dure vie rurale en Chine, avait été nominé en février au Festival du film de Berlin. Il n’était sorti sur les écrans chinois qu’en juillet, soit six mois plus tard, précise France 24. “Les scénarios et les films finalisés doivent toujours être approuvés par les autorités avant leur sortie, en conformité avec le discours de 1942 de Mao Zedong, qui soulignait que l’art devait avant tout servir le projet politique”, explique Chris Berry, spécialiste du cinéma chinois au King’s College de Londres, à France 24. Et l’universitaire d’ajouter : “Le succès commercial et la reconnaissance sur la scène internationale ont fait qu’il y a eu de plus en plus de discussions en ligne autour de cette œuvre. Le propos du film est, alors, devenu plus problématique”.

En effet, Return to Dust a rapporté plus de 100 millions de yuans (14 millions d’euros) en recette aux guichets. Ce qui équivaut à cinquante fois le prix qu’il a coûté : 2 millions de yuans. Derrière ce succès, il y a aussi ce que pointe le film : les inégalités de richesses qui traversent le pays et le fossé entre la Chine des campagnes et celle des villes. Et ce alors que Xi Jinping a proclamé, l’an passé, “la victoire” du Parti communiste chinois (PCC) sur l’extrême pauvreté. Surtout, à l’approche du XXe Congrès du PCC, à l’issue duquel l’homme fort du pays, Xi Jinping, confirmera un troisième mandat historique, rien ne doit entacher l’image du pays ou de l’État-Parti.