Roman historique

Le Printemps des maudits, Jean Contrucci, Ed Hervé Chopin, 2021, 352 p., 19 €

Jean Contrucci est un journaliste marseillais, à qui le passé de sa ville a inspiré de nombreux romans historiques, dont la série policière « Les nouveaux mystères de Marseille ». Avec Le Printemps des maudits, il élargit son regard vers l’arrière-pays provençal et met en lumière avec érudition une tragédie oubliée : la croisade déclenchée contre les Vaudois du Lubéron en 1545, une quinzaine d’années avant les guerres de Religion.

Le terme « vaudois » désigne une dissidence chrétienne née à la fin du XIIe siècle à l’initiative d’un marchand lyonnais, Pierre Valdo (ou Vaudès), qui suivit une démarche de renonciation à ses biens assez proche de celle de son contemporain François d’Assise. Mais le mouvement des Pauvres de Lyon revendiqua une organisation purement laïque et un accès direct des fidèles aux Écritures. Condamnés comme hérétiques et faussement assimilés aux Cathares, ils furent persécutés et se réfugièrent dans les vallées alpines italiennes. Mais certains de ces paysans endurants furent autorisés à revenir en Provence, où ils vécurent leur foi dans la discrétion entre Mérindol et Cabrières.

C’est quand les communautés vaudoises rallièrent en 1532 la Réforme genevoise, dont ils avaient été les précurseurs médiévaux, que la situation se dégrada, au point de susciter contre eux une croisade. L’expédition menée par le pouvoir pontifical du Comtat Venaissin et les seigneurs provençaux avec l’aval du roi François Ier fut une véritable entreprise d’extermination, dont l’auteur relate avec une connaissance approfondie des faits les terribles épisodes. La dureté du récit est adoucie par une intrigue amoureuse un peu convenue entre le héros – enquêteur (au service de Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, et ouverte aux idées religieuses nouvelles) – et une paysanne vaudoise victime des massacres. Cela nous vaut une étonnante apparition de Nostradamus, médecin au chevet d’un syndrome post-traumatique…

Plus marquante s’avère la permanence d’une barbarie sanglante qui annonce celle des guerres de Religion et relativise l’image aimable du siècle de la Renaissance.

Poésie

La révolution spirituelle, Abdennour Bidar, Almora, 2020, 160 p., 12 €

L’auteur part du constat que l’état actuel du monde conduit à l’angoisse et au désespoir. Catastrophe écologique, extinction de l’espèce, tout y passe. Mais, c’est un grand optimiste : toute mort conduit à la vie. Alors il fait une proposition : résister farouchement. Il s’adresse aux jeunes. Mais pour cela, il va falloir que chacun aille chercher en lui beaucoup plus loin, quelque chose qui est au-delà de son imagination. Ce pouvoir, c’est l’Esprit. Sans se placer dans aucune chapelle, mais inspiré par elle, source de cette révolution. Avec les risques que cela comporte. Et quand on a réussi à se laisser toucher par l’Esprit, c’est l’envolée. Il ne cite pas Paul sur le chemin de Damas, mais c’est tout comme.

Le propos n’est pas révolutionnaire mais Abdennour Bidar écrit tout cela dans un long poème et je me suis laissé bercer par les rimes. La démarche spirituelle est au-delà de l’intelligence […]