Le récit du film, adapté d’une pièce de théâtre, est construit en trois actes, sur trois générations.
Le premier acte, le plus troublant, est absolument sidérant. On y voit quelques hommes cherchant à nettoyer, avec une énergie folle mais de manière dérisoire, le lieu de l’horreur absolue, peu après la libération du camp d’Auschwitz. La scène se déroule pratiquement sans dialogue, dans la pénombre, où les traces du drame qui s’est joué dans cette pièce lugubre apparaît sous la forme de mèches de cheveux, qui prennent presque une dimension monstrueuse, quasi organique. On pense, ici, au choc visuel qu’avait déjà provoqué le Fils de Saul de László Nemes. Ce premier acte, tel qu’il est réalisé dans le film, produit le même trouble, la même sidération. Jusqu’au cri d’un enfant qui retentit, et le miracle qui se produit. Comment la vie peut-elle surgir de l’horreur des camps d’extermination ? La fin du premier acte est saisissante. Cette première partie du film est inoubliable !
Le deuxième acte nous transporte bien des années plus tard. Eva, l’enfant miraculée d’Auschwitz, est désormais une femme âgée. Elle reçoit la visite de sa fille et on assiste à leurs dialogues autour des souvenirs d’Eva, réels ou fantasmés, de sa mémoire de la Shoah qu’elle a elle-même héritée et qu’elle transmet à sa fille Lena, qui elle-même doit […]