Un voyage qui se poursuit encore aujourd’hui

Camille Andres, journaliste à Genève (Suisse). Une nuit de juillet 2004, 3h du matin. Au cœur de l’aéroport de Beyrouth, je suis accueillie avec une dizaine d’ami(e)s alsacien(ne)s par des Libanais(e)s pour un échange organisé par l’ACO. Le bus nous embarque pour dix jours de fous rires, comme j’en ai rarement vécus ensuite. Comment oublier ce voyage ?

D’abord, il y a eu une révélation culturelle. Le Liban a pour moi été bien plus qu’un pays parmi d’autres : j’y ai rencontré des chrétien(ne)s d’Iran, d’Arménie, de Syrie… Le Levant m’a offert les clés pour comprendre ce Moyen-Orient compliqué, où tant de cultures présentes et passées se superposent. C’est grâce à ce voyage que j’ai visité la Syrie, la Turquie, l’Arménie…Et c’est loin d’être fini!

Ensuite, j’ai pu sortir du regard “français” sur le religieux, et notamment l’islam. Après nos discussions parfois houleuses sur place, j’ai compris que je souhaitais continuer à interroger les liens entre religion et société. Au retour, j’ai donc ajouté l’étude de l’islam à celle des sciences politiques. Et depuis, dans mon métier de journaliste, en Alsace, à Paris, à Beyrouth ou en Suisse, j’ai n’ai cessé d’explorer le fait religieux.

Enfin et surtout, il y a des amitiés, fortes. Elles ont été possibles car l’ACO a conçu, dès le départ notre rencontre comme un échange. En 2005, nous avons donc accueilli nos hôtes en Alsace ! J’ai compris que notre vécu commun était plus grand que nos différences. Dix-sept ans plus tard, nous avons toutes et tous beaucoup cheminé, et pour certain(e)s, nous continuons de voyager, de grandir et d’apprendre ensemble. Inestimable.

Des rencontres qui m’ont formée et forgée

Marion Heyl, pasteure de l’Église protestante unie de France au Havre. Des rencontres qui m’ont formée et forgée Je ne saurais pas dire quand j’ai entendu parler de l’ACO pour la première fois : lors d’un culte des missions, d’un week-end aux EUL ou en feuilletant Le Levant mis à disposition à la sortie de l’église ? Ce qui est certain, c’est que l’échange franco￾libanais de 2004-2005 a été décisif. En m’offrant la possibilité de partir à la découverte du Liban et de la communauté arménienne protestante, l’ACO a ouvert pour moi une porte que je n’ai jamais refermée depuis. J’ai alors fait mes premiers pas en Orient, découvrant ses langues, cultures et religions ; la beauté de ses paysages ; la richesse de son histoire et de son architecture et ses difficultés contemporaines. Bien plus encore : j’ai rencontré des amis avec qui nous avons passé des heures à discuter théologie, (géo)politique, rêves d’avenir, visions du monde et de l’Église… et avec qui j’ai la chance d’avoir gardé des liens depuis.

Les échanges enseignent la citoyenneté du monde

Hagop Akbasharian, pasteur et directeur d’école à Anjar au Liban. Les échanges enseignent la citoyenneté du monde Ce qui me reste de mon premier échange ACO vécu en France, ce sont les rapports directs et francs, la prise de conscience de nos différences culturelles, sociales et aussi d’opinion. Sans oublier la sollicitation de nos papilles gustatives pour ce qui est de la nourriture ! Vivre en groupe une dizaine de jours, découvrir le pays, partager en famille, cela permet de s’enrichir de cette prétendue “différence de mentalité”, de trouver des terrains d’entente et de créer des amitiés pérennes.

L’échange retour au Liban, du fait de la grande flexibilité vécue chez nous, a donné lieu à des situations allant de l’agitation aux vivats, parfois de la confusion au conflit, mais toujours des moments enrichissants.

Chacun de nous est forcément différent aujourd’hui. Nous avons pris de l’âge et peut-être avons-nous un peu gagné en sagesse. Certains ont changé de maison, de pays. D’autres sont mariés et ont des enfants. Pour tous, c’était un réel privilège de rejoindre cette grande famille de l’ACO au service des hommes depuis un siècle !

En arménien, nous disons shnorhagalem, ce qui signifie “Je suis reconnaissant» et se traduit littéralement par “acceptation de la grâce”.

L’ACO a façonné ma foi et mon ministère

Rev Joseph Kassab, secrétaire général du NESSL*, président du Conseil suprême des communautés évangéliques en Syrie et au Liban. Mon cheminement spirituel a été jalonné de rencontres avec des personnes dont la piété et le dévouement au service du Christ et de son Église resteront gravés dans ma mémoire.

Ma première rencontre avec l’ACO s’est incarnée en la personne de sa missionnaire Mme Tartar que j’ai connue à Alep dans les années 70. J’accompagnais ma grand-mère à des études bibliques dirigées par cette grande Alsacienne. Son visage rayonnant laissait deviner une forte personnalité. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert ses liens avec l’ACO.

Ma deuxième rencontre avec l’ACO se fit à travers l’Église du Christ à Alep. J’avais 18 ans et fréquentais des réunions de réveil. Des prédicateurs venus d’Egypte, du Liban et d’ailleurs tenaient des sermons enflammés, comme des adolescents habités par la foi les aiment. Et j’étais l’un d’eux !

Ma troisième rencontre avec l’ACO se situe au début de mon ministère avec NESSL*. J’ai pu siéger pendant 8 ans au Comité Exécutif de l’ACO Fellowship et rencontrer ses dirigeants, et j’ai saisi ce que l’ACO représente pour moi, en tant qu’individu, mais aussi pour NESSL* en tant que partenaire dans l’Église. L’ACO et NESSL* sont depuis longtemps liés par un partenariat fort, pour les bons et mauvais jours.

Quand je repense à mon cheminement, je remercie Dieu d’avoir eu l’ACO comme un de ces points de repère qui ont contribué à façonner ma foi et mon ministère.

*NESSL : Église protestante du Synode Arabe, au Liban et en Syrie.