Dans ses nombreuses lettres, Paul Berron appelle Anne-Marie Beck “Talitha” : c’est en effet à l’appel biblique “Talitha kumi !” * qu’elle a répondu en 1938. Elle rejoint d’abord Jérusalem pour y apprendre l’arabe afin de concrétiser sa vocation d’annoncer l’Évangile aux musulmans, s’inscrivant ainsi parfaitement dans les objectifs de l’ACO.
Un premier poste en Djézireh
En 1939, elle est envoyée avec Hedwige Bull en Djézireh, dans le nord-est de la Syrie. Leur tâche : développer l’école de l’ACO à Hassaké, pour consolider par ce biais la présence de l’Église protestante dans ce territoire. Les communautés chrétiennes y sont dispersées et ont été abandonnées sur le plan spirituel depuis longtemps. Les deux femmes vont investir le champ scolaire, recruter et former des maîtres. Il faut aussi revivifier des paroisses, organiser des cultes, des réunions et des études bibliques avec l’aide des rares collaborateurs locaux présents sur place.
Si Anne-Marie Beck passe seule les dernières années de guerre, elle n’en reste pas moins très active et, grâce à ses compétences professionnelles et à son autorité spirituelle, l’école protestante de Hassaké acquiert une très bonne réputation.
Elle s’investit où elle le peut
Après un temps de congé en Alsace, elle revient en Orient en 1948, cette fois à Alep. Elle vise alors un public musulman, comme envisagé au départ. Pour toucher les femmes en particulier, elle organise des visites conviviales entre voisines et réussit ainsi à faire passer son message biblique. Elle a un bon contact avec la jeunesse, visite les malades, s’occupe des pauvres et s’investit où elle le peut. Tout est pour elle l’occasion de partager sa foi.
En 1949, elle épouse le prédicateur syrien Elias Tartar qui est animé du même esprit, du même zèle pour l’œuvre du Seigneur qu’elle-même. Ils forment un couple d’évangélistes hors pair, même si la «moisson» est parfois bien maigre. Devenue syrienne, elle peut rester en Syrie pour poursuivre sa mission après l’expulsion de nombreux missionnaires étrangers.
Ouvriers turcs et maghrébins
En 1976, après le décès de son mari, Anne-Marie Tartar rentre définitivement en Alsace. Sans pour autant cesser son activité missionnaire ! Elle se découvre un nouveau champ d’action auprès des ouvriers turcs et maghrébins maintenant présents en France et fait de nombreuses conférences sur la mission en Syrie pour récolter des fonds.
Quand après son mariage Paul Berron ne peut plus s’adresser à elle en tant que « Ma chère Talitha », il choisit de l’appeler « Tabitha », comme cette disciple de Jésus qui faisait le bien autour d’elle. Un nom qui lui va si bien…
* Évangile selon Marc V, 41, lorsque Jésus guérit la fille de Jaïre en disant: “Talitha kumi !”, ce qui signifie : “Jeune fille, lève-toi !”