“Mon cœur, confesse Nersès, déborde de reconnaissance quand je me souviens de la bonté de Dieu à mon égard. En 1914, à l’âge de 7 ans, les déportations m’ont cruellement séparé de ma famille et j’ai vécu comme esclave chez des paysans kurdes durant 4 ans. Puis 10 ans de tribulations m’ont amené en Syrie, au Liban, en Turquie et en Grèce pour finalement arriver à Marseille. Tout ce temps, le Seigneur a veillé sur moi et m’a maintes fois délivré d’une mort certaine. Je ne savais pas alors que par cette fournaise, Dieu me forgeait pour son service.”

Appelé au ministère pastoral en Syrie

Nersès rencontre Paul Berron à l’Église arménienne de Marseille. Devant le potentiel du jeune homme, celui-ci l’encourage à suivre des études de théologie en Suisse et l’invite à exercer son ministère en Syrie. C’est en 1932 que ce jeune pasteur arrive à Alep. Alors que ses collaborateurs se consacrent au travail humanitaire et spirituel parmi les réfugiés arméniens, lui-même étudie l’arabe et le turc pour pouvoir faire de l’évangélisation auprès des musulmans en devenant colporteur.

Dès 1936, il se rend en Djézireh dans le nord-est du pays pour s’occuper de cette région longtemps délaissée. Le mandat français l’a fait renaître en créant quelques villes avec un grand nombre de chrétiens dont il est urgent de s’occuper: l’endroit est idéal pour établir un centre missionnaire soutenu par l’ACO. 

Indépendance et décolonisation

A l’ACO, dirigée à partir de Strasbourg, dans les années 50, indépendance et décolonisation sont à l’ordre du jour. Paul Berron doit alors déléguer la gestion locale à Nersès qui devient le surintendant de l’ensemble de la mission et sera de toutes les concertations importantes.

Il faut alors penser au transfert des biens et du travail de l’ACO à une entité locale : ce sera l’Église du Christ à Alep pour l’Union des Églises Evangéliques Arméniennes. Pour le travail en Djézireh, des négociations ont rapproché l’ACO et l’Église du Synode évangélique arabe. Un accord entre les deux partenaires est signé en 1962.

Une ouverture vers l’Iran

Après le départ des missionnaires de Syrie, Nersès dirige les négociations qui permettront l’ouverture d’un nouveau champ de mission au Liban, en 1955. Quant à l’Iran, il connaît la situation des chrétiens de ce pays pour y avoir effectué deux voyages. Il estime que l’ACO doit donner un message de soutien et un appui spirituel et matériel aux chrétiens d’Iran. Il va lui-même occuper le poste pastoral de Téhéran de 1966 à 1981, une période de plus en plus troublée qui verra l’avènement de la révolution islamique…

Nersès Khachadourian résume ainsi sa biographie : la Vie en Christ, l’Église et la Mission. Il aura sans doute conjugué ces trois composantes avec foi, persévérance et courage. Il prendra sa retraite aux Etats-Unis où il décèdera en 1984.