Au 16e siècle, les Pays-Bas sont sous l’autorité des Habsbourg, d’abord gouvernés par Charles Quint, puis par son fils Philippe II d’Espagne. Vers le milieu du siècle, le calvinisme s’implante progressivement dans les provinces, provoquant de vives tensions avec les autorités espagnoles catholiques. Dans la ville de Louvain réside une grande Université où se déploie une réaction contre la Réforme. Des initiatives que la Sorbonne à Paris freine violemment sont possibles à Louvain : c’est le cas de deux Bibles en français publiées au milieu du 16e siècle.
La Bible de 1550
La première Bible de Louvain, publiée en 1550, marque une étape dans la diffusion des Écritures en français au sein du monde catholique. Dans un contexte où les traductions vernaculaires suscitent méfiance, ce projet bénéficie néanmoins du soutien de Charles Quint, souverain des Pays-Bas. Portée par Nicolas de Leuze et François de Larben, la traduction s’appuie sur les travaux de Jacques Lefèvre d’Étaples (1530 et 1534), mais en se conformant strictement à la Vulgate, notamment à travers l’édition latine de Jean Henten (1547). Elle reçoit l’approbation des théologiens de Louvain, garants de son orthodoxie.
Elle conserve les prologues principaux mais simplifie certains aspects, comme l’omission des prologues secondaires et une présentation plus populaire, incluant illustrations et tables liturgiques. Nicolas de Leuze reste fidèle au texte de Henten dans des points-clés, notamment dans la Prière de Manassé, qu’il traduit en suivant les ajouts grecs déjà intégrés par Henten. Cette version française est la première à proposer un texte long pour cette prière.
Enfin, De Leuze écrit dans sa préface qu’il s’inspire d’autres Bibles françaises pour enrichir son travail, sélectionnant des formulations qu’il juge les plus adaptées, tout en respectant l’héritage catholique et en intégrant des éléments qui deviendront des standards dans les éditions ultérieures.
Le but principal de cette Bible est clair : fournir une version fidèle à l’enseignement de l’Église catholique et contrer les traductions protestantes jugées déviantes. Les choix de traduction sont particulièrement prudents sur des passages théologiques clés, comme ceux relatifs aux sacrements ou au rôle de Marie, pour éviter toute ambiguïté doctrinale. Imprimée par Barthélémy de Grave, cette première édition constitue une réponse officielle aux interdictions frappant les éditions antérieures de Lefèvre. Pourtant, elle […]
