Jean Calvin est né en 1509 à Noyon (Aisne) dans une famille ancrée dans l’Église, bien qu’en froid avec la hiérarchie pour des raisons matérielles. Il a été d’abord et surtout étudiant en droit. De là sa façon de penser précise, juridique, logique. On ne sait rien de sa formation spirituelle initiale mais il avait une curiosité intellectuelle qui lui fit suivre, en parallèle de ses études de droit, des cours de langues bibliques. Il fréquenta aussi le milieu des « idées nouvelles », humanistes et religieuses. Il n’a pas suivi un parcours théologique universitaire ou ecclésial.
Une pensée ordonnée
Calvin n’est pas comme Luther, un angoissé religieux. C’est un intellectuel qui a besoin de clarté, d’ordre, de logique. Il est certes très sensible : la façon dont il a vécu les épreuves ecclésiales et familiales le montre. Mais sa réflexion théologique prend toujours du recul par rapport à ses sentiments. Il n’a pas vécu comme Luther une conversion spirituelle soudaine. La date marquante dans son parcours est celle de novembre 1533 : il fuit Paris après le discours réformateur de Nicolas Cop à la rédaction duquel il avait participé. On trouve son besoin d’ordre non seulement dans sa pensée mais aussi dans sa pratique, particulièrement dans son action à Genève ou après bien des pérégrinations en France, à Bâle, Genève puis Strasbourg, il organise et dirige l’Église réformée de 1541 à sa mort en 1564. Il n’a pas été un tyran et la ville n’a pas été gérée théocratiquement, car il a équilibré les pouvoirs ecclésiastiques et municipaux. Il faut dire aussi que, de Genève, Calvin a joué un rôle majeur dans l’orientation théologique et l’organisation pratique des Églises Réformées de France et a eu une forte influence dans bien des pays d’Europe. Enfin, il faut rappeler la qualité exceptionnelle de la langue française de Calvin, admirée bien au-delà des cercles théologiques.
Un écrit important
La théologie de Jean Calvin s’exprime dans de très nombreux écrits, catéchisme, traités, lettres, commentaires bibliques, prédications. Et puis, il y a sa fameuse Institution de la Religion Chrétienne peu à peu augmentée de 1536 à 1560. Cette institution, on dirait aujourd’hui instruction, est l’exposé complet de la foi chrétienne. Même si elle ne comporte que quatre volumes de taille moyenne, elle forme un tout achevé, contrairement à d’autres grandes œuvres théologiques jamais terminées par leurs auteurs. Les titres des quatre livres expriment les grands axes de la théologie de Calvin : « Le Premier livre de l’Institution Chrétienne qui est de cognoistre Dieu en tiltre et qualité de Créateur et souverain Gouverneur du monde ». Le second « qui est de la cognoissance de Dieu, entant qu’il s’est monstré Rédempteur en Iesus Christ : laquelle a estée cognue premièrement des Pères sous la Loy, et depuis nous a esté manifestée en l’Évangile ». Le troisième « qui est de la manière de participer à la grâce de Iesus Christ, des fruits qui nous en reviennent et des effects qui s’ensuyvent ». Le quatrième « qui est des moyens extérieurs ou aydes : dont Dieu se sert pour nous convier à Iesus Christ son Fils, et nous retenir en luy ».
En tout, la gloire de Dieu
On sent bien que Calvin insiste plus sur la connaissance que sur le sentiment. Il propose une appréhension large de Dieu, pas forcément centrée sur le salut personnel. Les moyens pratiques de cette connaissance de Dieu sont importants. La gratuité de l’amour de Dieu non mérité est bien affirmée, allant – par logique extrême – jusqu’à la conséquence de la prédestination au bien et au mal. Ce n’est pas que Calvin rabaisse l’être humain et limite sa responsabilité, mais il célèbre avant tout la gloire de Dieu surplombant et guidant le monde et l’humanité.