Jusqu’à une date relativement récente, l’orthodoxie était considérée en Occident comme une tradition ecclésiale non missionnaire. Il était communément admis que les grands mouvements missionnaires qui ont marqué si profondément l’Occident chrétien au cours des derniers siècles avaient en quelque sorte contourné le christianisme statique (ou bien anhistorique) oriental.
Aujourd’hui, ce point de vue semble avoir perdu de sa force : de nouvelles recherches historiques ont montré que les réalisations orthodoxes dans le domaine de la mission, bien que quelque peu différentes de celles de l’Occident, n’en sont pas moins importantes et même impressionnantes. (…)
L’objectif du présent dossier n’est pas de présenter une étude historique, sociologique ou socio-culturelle de l’expansion missionnaire orthodoxe. Il nous a paru beaucoup plus fructueux d’essayer de comprendre et d’analyser, ne serait-ce que brièvement et partiellement, l’agir missionnaire et la mission comme communication dans la tradition orthodoxe ou, en d’autres termes, la relation entre la mission, d’un côté, et la foi, la vie et la vision spirituelle de l’orthodoxie, de l’autre. Une théologie de la mission est toujours le fruit de l’être entier de l’Église et non une simple spécialité pour des personnes qui ressentent une vocation missionnaire particulière. Pour l’Église orthodoxe, il est surtout nécessaire de réfléchir à ses motivations missionnaires fondamentales, parce que son caractère présumé non missionnaire a été trop souvent expliqué par l’essence même de l’orthodoxie: son ethos sacramentel, liturgique et mystique. Même aujourd’hui, alors que l’étude des missions orthodoxes semble corriger le point de vue qui laissait supposer une certaine passivité orthodoxe dans la mission, la tentation demeure d’expliquer ces missions comme un épiphénomène dans l’histoire de l’orthodoxie. (…)
Avec le souci de ne pas sous-estimer ni surestimer les tensions internes au sein de l’orthodoxie, les différentes contributions de […]