Fin novembre, le metteur en scène Hamid Pourazari et l’actrice Soheila Golestani ont présenté leur dernière performance dans une vidéo publiée sur Instagram, relayée par Le Monde. Debout sur un escalier et vêtu de noir, lui regarde la caméra. Elle, la comédienne, tout de noir vêtue et cheveux dévoilés, le rejoint. Et d’autres jeunes acteurs, hommes et femmes, également habillés en noir, leur emboîtent le pas. Aucune femme ne porte le voile, lequel est pourtant obligatoire en République islamique d’Iran. Personne ne parle et tous ont le regard en direction de la caméra. 

Ce soutien à l’égard du soulèvement en cours en Iran a valu à ce duo une arrestation, deux jours après la publication de cette performance. S’ils ont été relâchés le 11 décembre, relate Le Monde, certaines comédiennes qui ont osé se filmer sans leur foulard sont encore derrière les barreaux. Partout dans le pays, les performances, malgré les risques encourus, se multiplient en Iran. Alors que le corps est l’objet principal de la répression du régime iranien, écrit le quotidien, il devient aussi un médium de l’art au service de la contestation sociale.

L’eau des fontaines rouge sang

Ainsi, de plus en plus de femmes se filment en train de danser, malgré l’interdiction de cette activité depuis la révolution en 1979. La danse comme symbole de résistance. Une première vidéo de danse a été filmée dans le nord du pays, le 20 septembre, soit quatre jours après la mort de la jeune Kurde Mahsa Amini, qui a déclenché le mouvement de révolte populaire. Celle-ci a d’ailleurs encouragé beaucoup d’autres Iraniens et Iraniennes à s’exposer en dansant. Dans plusieurs villes, dont la capitale Téhéran, l’eau des fontaines des grandes places est devenue rouge, couleur du sang, rapporte Le Monde. Personne ne sait qui en est à l’origine.