Une date : le 8 novembre 1942. Les Alliés débarquent à Alger. Il s’agit de l’opération Torch, tournant de la Seconde Guerre mondiale. Or ce débarquement allié réussi en Afrique du Nord n’aurait été possible sans l’aide de résistants, juifs pour nombre d’entre eux, par ailleurs victimes d’un régime de Vichy plus radical en Algérie, alors colonisée, qu’en métropole. C’est cette histoire méconnue que le documentaire Juifs d’Algérie, la résistance oubliée, toujours disponible sur France 5, entend rendre compte. 

Questionnements autour de l’identité, de la citoyenneté et de la nationalité

C’est à travers les pages du journal intime de Maurice, 19 ans en 1940, personnage fictif constitué à partir de faits historiques et de souvenirs recueillis par l’autrice au sein de sa propre famille, que la documentariste Stéphanie Monsénégo revient sur l’antisémitisme à l’époque de l’Algérie coloniale. “De l’Algérie sous Pétain, ni ma grand-mère ni mon père ne m’ont jamais parlé : ils ont échappé à la Shoah, un motif suffisant pour se taire. L’omerta familiale résonne avec la chape d’oubli qui s’est abattue sur cette période peu glorieuse pour la France, que la Libération puis la guerre d’indépendance ont achevé de passer sous silence. Pourtant, elle constitue un moment clé où d’autres destins semblaient possibles pour l’Algérie”, précise-t-elle dans une note d’intention.

Mais ce film, réalisé par Bernard George, “riche de documents d’archives, de nombreux témoignages et de souvenirs familiaux”, selon RFI, ne constitue pas “une simple catharsis personnelle”, explique l’autrice. En revanche, l’œuvre “tente d’apporter une réponse sensible à la politisation des mémoires et aux crispations communautaires. Une histoire qui questionne les notions d’identité, de citoyenneté et de nationalité.