Vivant ou mort, le corps souffrant ou lissé tel un éphèbe endormi, le Christ crucifié est devenu le sujet le plus représenté dans l’histoire de l’art. Retour sur ces évolutions avec l’historien et spécialiste de l’art religieux François Boespflug, auteur de l’ouvrage Crucifixion: la crucifixion dans l’art, un sujet planétaire (Ed. Bayard, 2019) et fondateur de l’Academy of Christian Art.
Alors que le motif de la crucifixion du Christ est devenu le sujet le plus représenté dans l’art, on n’en trouve aucune trace pendant quatre siècles. Aurait-t-il été premièrement proscrit ?
Aucune interdiction n’a été édictée par aucune instance, ni de l’Église, ni de l’Empire romain. On doit parler seulement d’une absence totale, durant les quatre siècles qui ont suivi la mort du Christ, de toute représentation de son supplice.
Comment explique-t-on cette absence ?
Elle s’explique en partie, chez les premiers chrétiens, par un relatif, voire complet désintérêt pour les images et le rôle qu’elles pourraient jouer dans l’annonce de la résurrection – désintérêt sans doute soutenu par le souvenir pénible du spectacle de l’agonie liée à ce supplice atroce chez tous […]