Organiser un Festival de poésie de la foi, dans mon esprit, consiste à cultiver la foi, selon le slogan que j’aime bien répéter. Slogan et jeu de mots qui donne plusieurs sens à cette expression. La culture, au sens où elle représente un apprentissage de connaissance des pensées d’autrui, à l’échelon universel, dans le temps et dans l’espace, de manière réfléchie et approfondie, n’a pas bonne presse de nos jours, semble-t-il. La démarche paraît trop fastidieuse, trop laborieuse, trop compliquée… Elle représente pourtant la seule manière de respecter l’autre, en s’intéressant aux valeurs sur lesquelles il fonde sa vie, et la seule manière de respecter sa propre foi en l’énonçant de manière à lui donner un poids parmi les sociétés humaines.
Même si une telle entreprise n’est pas forcément dans l’air du temps, il est nécessaire de résister à la pente naturelle qui pourrait nous entraîner vers la facilité, la superficialité et la désinvolture. Résister est justement un mot qui fait partie de la culture protestante. Chaque époque présente ses obstacles particuliers. Aujourd’hui, le risque contre lequel il est important de réagir consisterait à abandonner une culture de la foi. Les éditions Jas sauvages que j’ai fondées se sont donné cette mission, avec tous ceux qui coopèrent à cette aventure éditoriale.
Cultiver la foi, dans le domaine du religieux, signifie donc produire des formes de pensée qui, à toutes les époques, rendent compte de manière renouvelée de la façon de vivre une relation avec Dieu. Sur le plan individuel, pour les croyants, il est non seulement sérieux, mais aussi joyeux de se livrer à une telle réflexion. Car la foi ne peut pas apporter pleinement le bonheur dont elle est porteuse à une conscience qui demeure passive. Mais l’attention et l’éveil de la pensée exercés jour après jour – comme on cultive la terre sans relâche –, pour saisir en l’occurrence les signes de la présence de Dieu garantissent le bien-être et la joie.
Une des voies par lesquelles il est possible de s’engager pour nourrir la spiritualité consiste à fréquenter les textes bibliques et les expressions nouvelles d’art qu’ils inspirent. Une fréquentation de ces productions en commun multiplie sans doute l’énergie qu’elles sont capables de diffuser. C’est pourquoi un Festival qui nous réunit tous autour d’une littérature, d’une musique ou de représentations qui suggèrent le bonheur d’une vie de foi ne peut être que bénéfique pour tous ceux qui viennent y participer. (…)
Apprendre à parler de la foi
Les intervenants de ce Festival sont poètes, musiciens, universitaires, pasteurs. Certains viennent de loin et ils ont tous accepté avec énormément de bonne grâce de venir nous apporter le fruit de leurs compétences, de leur science et de leur art qu’ils mettent tous en œuvre avec passion, inspiration et beaucoup d’exigence, chacun dans son domaine. Certains […]