Un problème de sources
On rencontre en Histoire un même problème pour tout ce qui concerne les femmes: il existe très peu de sources directement exploitables et leur domaine a longtemps suscité peu d’intérêt de la part des historiens eux-mêmes. Très peu de textes racontent et décrivent spécifiquement les différents aspects de la vie des femmes: ils sont considérés comme banals et sans importance dans beaucoup de sociétés. Si quelques allusions y sont faites, parfois, c’est au détour d’un texte portant sur l’histoire des hommes (homme aux deux sens français du terme: êtres humains et mâles).
Au début du 20e siècle, historiens, anthropologues ou encore ethnologues commencent à réfléchir à la question des femmes, mais au départ toujours de façon succincte. Ce n’est que depuis le milieu du 20e siècle que le questionnement se fait plus précis, plus insistant. Des traces de leur histoire, auparavant négligées, refont surface. Ces traces indirectes dépendent de la possibilité de ces indices à rester accessibles et cela est souvent moins lié à l’ancienneté des traces qu’au hasard des trouvailles. L’Histoire n’est pas linéaire, elle comporte des évolutions rapides, de longues stagnations et aussi des retours en arrière (par exemple, après l’instauration du Code Napoléon, le 19e siècle est resté largement aveugle au destin des femmes).
Parmi les traces exploitables, on recense notamment celles mises au jour par l’archéologie, une discipline s’appuyant sur des techniques scientifiques toujours plus pointues et où les femmes, de mieux en mieux représentées, ont davantage le souci de la vie passée des populations féminines. Pour les périodes très anciennes, on dispose de beaucoup de corps – sauf quand il y a eu incinération – ou de fragments de corps dont on sait de mieux en mieux déterminer le sexe et l’âge approximatif. On pense notamment au fragment d’os qui a permis la découverte de l’homme de Denisova et qui provenait en fait de la phalange d’une très jeune fille! Dans les sépultures de certaines époques, les personnalités prestigieuses étaient entourées de nombreux objets. Ainsi la princesse de Vix à Châtillon sur Seine, enterrée avec notamment le plus grand vase grec en bronze connu (1m60 de hauteur!). À d’autres périodes de l’Histoire, les tombes – de femmes aussi bien que d’hommes – se font plus modestes et s’accompagnent de petits objets rituels à travers lesquels on peut deviner, parfois, des aspects de leur vie sociale passée.
L’archéologie s’intéresse également de plus en plus aux traces d’habitat. Longtemps ignorés ou négligés, ces vestiges peuvent livrer de nombreux indices sur la vie domestique et sur la place qu’y tenaient les femmes (c’est le cas du site de Pompéi, par exemple).
Un autre type d’indices, qui apparaît surtout à partir du Moyen Âge: les actes notariés et les registres paroissiaux. Ils proviennent essentiellement d’Europe et peuvent être […]