Comme le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris, celui mené par la cinquantaine d’archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) touche à son terme. Hors normes, il permet d’avoir un nouveau regard sur les reconstructions de la cathédrale, souligne RFI. Mardi 17 septembre, l’Inrap a présenté un premier bilan des découvertes réalisées. « L’ampleur, la variété, la qualité des découvertes. [Ce sont] 2 000 ans de chronologie que l’on va revisiter sur Notre-Dame, sur l’île de la Cité », a expliqué Christophe Besnier, le responsable des fouilles à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Lors de travaux réalisés pour poser l’eau et l’électricité à Notre-Dame, une multitude de tombes ont été mises au jour. La plupart appartenaient à des religieux. Mais ce n’est pas tout : en 2022, deux sarcophages en plomb anthropomorphes ont été découverts à la croisée du transept. L’un des deux sarcophages a vite été identifié grâce à une épitaphe. Il s’agissait de celui du chanoine Antoine de La Porte (1627-1710). L’identité du second individu, un homme âgé d’une trentaine d’années, était plus mystérieuse. L’étude de ses os dit de lui qu’il montait à cheval, qu’il souffrait de tuberculose et de méningite.

« Le cavalier de Notre-Dame »

Selon Éric Crubézy, médecin et professeur d’anthropologie, il s’agirait de Joachim Du Bellay. « Le portrait-robot a été établi au CHU de Toulouse où on a étudié jusqu’à présent le squelette de Joachim [Du Bellay], qu’on appelait jusqu’à présent ‘Le cavalier de Notre-Dame’ et sur lequel on a étudié la pathologie du squelette », commente le spécialiste. « Ce qui a permis de l’identifier, c’est toute une enquête historique. On a des documents sur Joachim Du Bellay, on connaît mal sa vie, mais on a des documents concernant son inhumation, poursuit-il. Donc, ce qui a été fait, c’est qu’on a revu totalement la biographie de Joachim Du Bellay pour savoir de quoi il avait souffert, de quoi il était décédé, quels étaient ses appuis politiques. »

Il en est ressorti que le poète, qui chantait la France, qui chantait l’Anjou, était très connu à la fin du XIXe siècle. Le fait qu’il parle le français, alors qu’avant les poètes s’exprimaient en latin, a participé à sa notoriété, estime le professeur d’anthropologie. « En dehors d’être un grand poète, c’était surtout un homme d’importance de son époque et qui vivait au sein d’une famille qui faisait partie du premier entourage royal et du premier entourage du pape à Rome », ajoute Éric Crubézy.

Mort dans le cloître de la cathédrale

Identifié grâce à ses os et l’enquête historique menée, Joachim Du Bellay était l’un des cofondateurs de La Pléiade. Il est mort à Paris dans la nuit du 1er au 2 janvier 1560, dans le cloître de Notre-Dame. Il était âgé de 37 ans.