Très attendu, le film « L’Abbé Pierre, une vie de combat » est sorti en salles mercredi 8 novembre 2023. Réalisé par Frédéric Tellier, il relate le parcours de l’homme d’Église, de sa courte carrière en politique en passant par la création d’Emmaüs, l’appel de l’hiver 1954, jusqu’à sa starification par les médias.

France info explique que l’abbé Pierre était une personnalité complexe, notamment parce qu’il entretenait un rapport ambivalent au pouvoir et aux médias et avait une aspiration mystique. Il est joué par Benjamin Lavernhe, de la Comédie-Française, et sa prestation est jugée remarquable par une bonne partie des critiques cinéma.

Si le film contribue à en faire une icône, le prêtre était surtout un militant acharné contre le mal-logement. Capital raconte qu’Henri Groues, dit l’abbé Pierre, vivait dans une maison délabrée qu’il restaurait à Neuilly Plaisance, lorsqu’il était député de Meurthe et Moselle, en 1949. Il estimait alors la maison trop grande pour lui et en a fait une auberge de jeunesse internationale, baptisée Emmaüs.

Aux origines de la trêve hivernale

Il a fallu, toutefois, attendre 1953 pour que l’association Emmaüs soit officiellement créée. Aujourd’hui, en France, elle est constituée de 115 communautés solidaires et laïques, dans des lieux d’accueil et de travail pour des personnes précaires, appelés « compagnons ». L’association est aussi composée de différentes structures en matière de logement. Emmaüs Solidarité s’occupe par exemple de centres d’hébergements dans Paris tandis que la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés rénove des logements insalubres, tous les ans.

C’est sans doute l’appel de l’hiver 1954 qui a donné un tel souffle à Emmaüs. Capital rappelle que l’abbé Pierre est devenu célèbre en lançant un message sur les ondes de Radio-Luxembourg pour protester contre la situation des personnes à la rue, par des températures glaciales. L’appel a provoqué un électrochoc et a conduit à voter un plan d’urgence pour construire douze mille logements de première nécessité. Il est aussi à l’origine de la trêve hivernale, ce dispositif inscrit dans la loi en 1956, qui permet aux locataires de ne pas être expulsés de leur logement pendant les cinq mois les plus froids de l’année.

Militant jusqu’à sa mort

Dans les dernières années de sa vie, l’abbé Pierre a continué à militer contre le mal-logement, notamment en lançant le financement de 15 000 « logements très sociaux » en 2005. Il s’est aussi rendu à l’Assemblée nationale en 2006 pour inciter les députés à défendre l’article de loi qui oblige les communes à construire au moins 20% de logements sociaux.

L’abbé Pierre est mort en 2007, à 94 ans, au moment où le Gouvernement a décidé de faire voter la loi sur le « droit opposable au logement ».  Ce dispositif permet aux demandeurs d’un logement social, dans certaines situations, de faire passer leur demande en priorité et d’avoir une proposition de logement digne dans les six mois.