Nous accueillons l’Evangile, et l’Evangile nous accueille… Telle est la double thématique sur laquelle s’expriment quatre enseignants-chercheurs de l’Institut protestant de théologie.
Michel Bertrand interroge la place et la fonction de la spiritualité dans la société actuelle. Il plaide pour un accueil par les Églises de l’attrait contemporain pour la vie spirituelle, tout en en proposant une compréhension protestante enracinée dans un Évangile qui décentre et expose à l’autre et au Tout-Autre.
Céline Rohmer relève le paradoxe évangélique relatif à l’hospitalité : loin de prescrire l’accueil comme un idéal moral, les textes bibliques mettent l’accent sur la rencontre avec le Christ, où le véritable sujet accueillant se révèle être Dieu lui-même. Seule la confiance en cet accueil premier permet d’accueillir celles et ceux qui nous sont donnés pour sœurs et frères.
En s’inspirant notamment du philosophe Jacques Derrida, Guilhen Antier relève l’ambivalence de la notion d’hospitalité, quand l’accueillant aussi bien que l’accueilli se découvrent mutuellement porteurs d’étrangeté. L’autre est-il une promesse ou une menace ?
Réfléchissant sur l’évangélisation, Christophe Singer explore les présupposés sous-jacents à la question « comment annoncer l’Évangile ? », montrant que la focalisation sur cette question empêche souvent de s’interroger sur la nature même de l’Évangile que l’on se propose d’annoncer. L’Évangile apparaît ici comme une parole qui n’est accueillie qu’en étant crue, et que l’on reçoit dans le geste même où on la proclame.