Par Danielle Mailhé, présidente de l’église protestante unifiée de la montagne du Tarn.
Le musée de Ferrières est né en 1968 de la volonté des paroisses protestantes et des habitants de la Montagne du Tarn de créer un lieu de conservation du patrimoine culturel et d’échanges sur les valeurs du protestantisme. Les familles protestantes du territoire, du Castrais et du Mazamétain donnèrent des livres, des revues, des documents ou des objets permettant de mettre en place un embryon de projet départemental. Il y eut donc le musée dans le château, puis le musée identifié comme « du protestantisme » dans une vieille maison du patrimoine local. Le protestantisme était montré au travers de Bibles, d’objets du culte, de gravures, de documents théologiques… À cette époque, est né un attachement particulier à ce projet, et de nombreux bénévoles se sont impliqués faisant, jusqu’à ce jour, l’originalité du fonctionnement du musée.
Le développement
L’enrichissement des collections et la vie intellectuelle développée autour du musée ont été créateurs d’un mouvement d’attrait touristique et culturel, fédérant les paroisses, les élus et les intellectuels intéressés par un projet patrimonial. Le nouveau musée est né, tel qu’il est aujourd’hui, plus structuré, plus organisé avec un conservateur bénévole, Patrick Cabanel, un comité scientifique, du personnel, des élus et des institutionnels qui le soutiennent, tels que le ministère de la Culture, la communauté de communes Sidobre Vals et Plateaux, la commune, les conseils régionaux et départementaux, engagés dans son évolution. Son attractivité a pris de l’ampleur en 2010 avec la construction d’un bâtiment adapté. Une scénographie renouvelée met en exergue les apports du protestantisme à la longue réflexion des Lumières, qui conduit philosophes et penseurs à la Révolution française, puis aux lois de liberté, d’égalité, de fraternité, et à la laïcité. Ce musée joue un rôle crucial dans l’éducation des esprits au respect de l’autre, à partir des leçons tirées des persécutions subies par les protestants. D’où l’évolution de son intitulé / concept : Musée du Protestantisme, de la Réforme à la laïcité (MPRL).
Ce musée n’est pas comme les autres, car il demande un effort d’appropriation, de compréhension, de regard sur ce qu’a été le protestantisme, et ce qu’est aujourd’hui, la société et son rapport aux religions. Au-delà de la muséographie, se sont développés des cafés-patrimoine sur les religions ou les faits religieux, des journées de réflexion sur la laïcité, avec notamment, une action d édagogie auprès des élèves et collégiens, menées par des administrateurs du musée, dans une démarche de qualité reconnue par les institutions républicaines.
Le renouvellement
Le musée s’enrichit de nouvelles œuvres (gravures d’Abraham Bosse, statuette d’Henri IV enfant…). La « vitrine des robes » symbolisera l’engagement protestant des femmes (première femme pasteur ou robe d’une femme médecin déportée…). Le Musée, par la mise à disposition de tablettes numériques, permettra, à ceux qui le souhaitent, d’aller plus loin dans la connaissance du protestantisme et des faits religieux ou historiques. Le thème de cette année « Exils et Refuge, d’hier à aujourd’hui » dont nous reparlerons, offrira un panel de manifestations variées. Les journées du « cinquantenaire » les 10, 11 et 12 août prochain offriront un moment d’échanges autour des religions dans le passé comme dans notre présent. À cette occasion, « le musée sera dans le pré » avec des débats, du cinéma, des contes… Le peintre Claude Viallat « emballera » le musée. Venez donc nous rejoindre à Ferrières-Fontrieu tout au long de cette année.