Elle écrit souvent à l’imparfait, Clara Dupont-Monod, faisant parler les pierres ocre de ses Cévennes sauvages pour raconter l’histoire d’une famille où naît un enfant si lourdement handicapé qu’on le sait inadapté à la vie. Aussi, ce sont les quatre puis cinq autres membres de cette famille qui devront – c’est le titre – s’adapter.
Mais le roman s’attarde moins sur les parents que sur les trois membres de la fratrie autour desquels il est construit. Les pierres décrivent ainsi le parcours de l’aîné, blessé et pétri de tendresse, de renoncement et d’affection, qui ne guérira jamais de la mort de l’enfant, sur la tombe duquel il promet « je laisserai ta trace ».
Les pierres parlent aussi de la cadette frondeuse, promue capitaine aux poings serrés, qui décide d’organiser la vie du groupe allant jusqu’à collecter les sujets de conversation possibles autour de la table familiale parce qu’on peut aimer sans avoir peur du malheur, et donner sans avoir peur de perdre. On nous dit aussi l’histoire intérieure du quatrième, né après le décès de l’enfant, à la fois fracture et promesse, un sorcier qui nomme les pierres et doit apprendre l’immensité des choses que sa famille avait traversées avant lui.
Au pied des montagnes, ces funambules admirables et éprouvés savent qu’il n’y a plus d’espoir, seulement des objectifs. Une magnifique aventure humaine au pays des gloméris roulés en boule sous l’orage.