La voix de Martin Kopp est une voix qui compte dans le protestantisme français, et plus largement, francophone. Président de la Commission Justice Climatique de la Fédération Protestante de France, l’écothéologien est aussi un conférencier reconnu et apprécié. L’ouvrage qu’il publie dans la collection « Fondations écologiques » de Labor et Fides s’inspire partiellement de sa thèse de doctorat en Théologie Protestante soutenue en 2018 à Strasbourg dont le titre était : Croître en Dieu ? La théologie protestante interrogée par la décroissance selon Serge Latouche. Ceci explique sans doute les excuses délicates formulées de manière réitérée par l’auteur à ses lecteurs quand il renonce à des développements trop précis pour garder le cap d’un ouvrage destiné au grand public.

Ceci n’enlève rien à la richesse du propos. L’horizon de la réflexion proposée est celui de l’écologie intégrale, expression venue de la théologie catholique, consacrée par la fameuse encyclique Laudato Si promulguée par le pape François en 2015. La notion d’intégralité, approche plus exigeante, mais aussi plus réaliste que d’autres pour Martin Kopp, dans la mesure où elle prend en compte la complexité des faits et la pluralité des domaines engagés dans le sujet si vaste qu’est l’écologie aujourd’hui. Ainsi, proposer une théologie écologique constitue « une entreprise complexe et ‘constructive’ » qui consiste à « formuler à frais nouveaux, une compréhension possible, argumentée mais aussi intuitive, créative et poétique, de la foi chrétienne […] ainsi que discerner nos justes responsabilités face à un défi inédit dans l’histoire » (p. 44).

L’intuition se veut toutefois solidement argumentée au fil des 3 chapitres du livre. Quant à la poésie et la créativité, elles trouvent leur expression dans l’inventivité du langage. Pour ce qui est de la structure, le 1er chapitre s’attache aux constats permettant de tracer les contours de la crise – Martin Kopp préférant à ce mot celui de « bouleversement » – écologique. Le 2e expose les éléments, fortement trinitaires, d’une théologie de la création. Le 3e se penche sur deux aspects de la justice climatique : la veine féministe, et la veine antiraciste.

Le sujet s’annonce donc grave. Toutefois cette matière dense prend la forme et la tonalité réjouissantes d’un vibrant plaidoyer pour une parole théologique au cœur des bouleversement en cours. Une parole d’autant plus nécessaire pour l’auteur qu’elle a largement contribué par le passé à […]