Genève, 1534. Pour fuir un climat de répression dans le royaume de France, envers ceux qu’on appelle alors les luthériens, le chevalier de Servion s’exile avec ses proches dans la cité tout juste convertie à la Réforme. Recommandé auprès d’un imprimeur réputé, il assiste, impuissant, aux excès des ministres du culte nouveau : brimades et vexations contre les catholiques, règles toujours plus rigides en matière de mœurs. Farel puis Calvin exercent une emprise croissante sur la population et les responsables politiques… Dans ce contexte perturbé, le voilà chargé par la France d’une mission d’information politico-religieuse.
La fresque historique de Michel Septfontaine tient en haleine. Elle rappelle, par moments, l’excellent Zwingli (film de Stefan Haupt, 2017) : derrière les aspirations et habitudes du quotidien affleurent les enjeux philosophiques et théologiques. Plonger dans cette époque troublée à hauteur d’homme permet de mieux en saisir l’infinie complexité : le catholicisme est en disgrâce, la Réforme s’installe avec soudaineté, ouvrant des situations imprévues. Que devient le statut de la famille et du mariage ? Quelle menace représente une personne qui n’adhère pas au nouveau dogme ? Quelles punitions pour les blasphémateurs ? Des thèmes incarnés par des personnages nuancés, drôles, au langage riche et […]