Des femmes courageuses et altruistes

Ces femmes étaient animées par leur passion pour l’Evangile et leur compassion face à la souffrance et à l’exclusion. Elles ont montré bravoure et persévérance en menant des missions quasi impossibles telles que de rassembler les survivants du génocide arménien et de créer des structures pour améliorer leurs conditions de vie. Elles ont œuvré sous des régimes politiques qui limitaient leurs mouvements et finissaient par les expulser. Elles ont traversé des guerres et subi les mêmes épreuves que les gens du pays. Grâce à leur engagement, elles trouvaient des solutions créatives à des problèmes inédits.

Un impact sur beaucoup de vies

Bien qu’actives au sein des cultures patriarcales du Moyen-Orient et des organismes missionnaires, elles ont néanmoins laissé leur empreinte dans les domaines de l’aide humanitaire, de l’éducation et de l’évangélisation. Elles sont allées au-delà de leur rôle en acceptant des missions exigeantes et peu conventionnelles, et n’ont jamais hésité à prendre des responsabilités. Alice Ulmer a un jour dit : “J’étais la bonne à tout faire”. Leur vie était à l’image de ce qu’elles enseignaient : des personnes proactives, entreprenantes, courageuses et engagées dans leur mission. Lorsqu’Anne-Marie Tartar formait des jeunes gens, elle visait à les équiper pour des engagements plus forts. En créant son Centre de Formation Spirituelle et Pratique pour Jeunes Filles, Hélène Hartmann espérait “enrichir leur personnalité” et stimuler leur esprit critique. Bien que ces femmes aient souvent pris un rôle éducatif – ce qui leur valait parfois le titre de “mama” – elles encourageaient les gens à se donner les moyens de s’élever dans leur vie et leur ministère.

Une grande solidarité

Etait remarquable aussi la solidarité que ces femmes avaient entre elles et avec leurs collègues de différentes missions et confessions. Elles faisaient très souvent équipe avec les sœurs suisses de Granchamp ou du Hilfsbund et travaillaient en lien avec les femmes missionnaires américaines et australiennes. Certaines ont même rencontré et prié avec des nonnes maronites locales, encourageant ainsi un ministère basé sur la coopération et le soutien mutuel, avec une plus grande ouverture œcuménique, en contraste avec les modèles existants où concurrence et ségrégation étaient de mise.

Par Rima Nasrallah, maître de conférences, Université Haigazian, Beyrouth