Un échange de huit ans dont les éditions Labor et Fides ont publié un poignant recueil.

Le français est sa patrie. Au fin fond des immenses forêts silencieuses du nord de la Suède où la guerre l’a contraint à s’installer, il n’est pas un jour sans que Bachar Alkazaz lise, écrive ou rêve dans cette langue. Elle est son point de fuite, son refuge intérieur. En témoignent les emails envoyés à Philippe Baud, un prêtre de Lausanne, dont un recueil est paru en septembre. Des «Lettres de Syrie et d’exil» qui relatent en une langue poétique les tourments intérieurs d’un homme confronté à la violence et à la mort, dans une douloureuse progression.

L’horizon français

Le premier «Cher Philippe» date du 23 novembre 2010. Les deux hommes se sont rencontrés lors d’un voyage organisé et la guerre est encore bien loin. Guide touristique, Bachar Alkazaz maîtrise le français à la perfection. «J’ai découvert cette langue à l’âge de 17 ans avant de l’étudier à l’université. J’en ai immédiatement aimé toutes les sonorités, au point d’avoir écouté L’Étranger lu par Albert Camus pas moins d’une centaine de fois», raconte-t-il au téléphone. Un séjour en France lorsqu’il était adolescent lui fait […]