Après un traumatisme lié à une agression ou un attentat, que se passe-t-il ? Nous avons tous en tête l’affirmation « Ils n’auront pas ma haine » prononcée par l’époux d ’une femme décédée dans l’attentat du Bataclan en 2015, mais l’absence de haine ne signifie pas pardon. Évoquer le pardon ressemblerait à une injonction quasi indécente pour les victimes et leurs proches, alors qu’elles luttent simplement pour leur survie. Je vous propose donc de découvrir le travail de thèse de Janique Perrin sur l’espérance.
Elle s’interroge sur l’émergence de l’espérance après un trauma. Elle affirme que l’espérance germe hors de la volonté humaine, qu’elle transporte le souffrant au-delà de sa vie, malgré lui. Et que l’espérance surgit de la lecture d’œuvres littéraires, sans en être le thème principal. L’espérance se dévoile, se révèle, elle jaillit au-delà du texte, dans une puissance d’élévation, au cœur même du désordre. C’est ce que Ricœur appelle le « surplus de sens » d’un écrit. L’espérance arrive dans un dépassement du texte. Elle n’est donc pas un chemin, mais plutôt une irruption dans l ’existence, à côté, ou plutôt enchevêtrée à la souffrance.
La thèse de Janique Perrin est originale dans la mesure où l’espérance jaillit d’une expérience de lecture (les œuvres analysées sont Le lambeau de Philippe Lançon, Le patient anglais de Michael Ondaatje, La guérison du possédé dans l’évangile de Marc et Non ti muovere de Margaret Mazzantini). Elle écrit : « Le lecteur est emporté et élevé vers une dimension qui dépasse le réel, confine à l’onirique et fait appel à une disponibilité de l’imagination. La “transcendance” ne peut être présupposée, elle émerge de l’expérience de la lecture ».
L’espérance comme transcendance ; elle étudie le lien entre l’espérance et l’espérance chrétienne. Des points communs se retrouvent, comme l’émergence d’un « temps nouveau » et d’un « être nouveau », transformés à partir de l’expérience d’une vie fragmentée.