Le récit biblique revisité sert notre besoin humain de dignité.
La ville a des allures de Jérusalem biblique. Au sud de l’Italie, Matera a vu Jésus monté en croix plus d’une fois, Pier Paolo Pasolini et Mel Gibson y ont mis en scène leur calvaire. En 2019, la ville est dressée au rang de capitale européenne de la culture. On invite alors le réalisateur et metteur en scène de théâtre bernois Milo Rau à y créer un spectacle. Pour lui, c’est l’évidence: avec un tel héritage, il tournera à Matera un film sur Jésus.
Mais c’était sans compter l’envers du décor. Autour de la ville troglodyte, le Bernois découvre des camps de migrants et les champs de tomates et d’oranges dans lesquels sont exploités ces derniers. Impossible dès lors de faire un film sur Jésus en ignorant cette réalité. Qu’à cela ne tienne, Milo Rau prend le tout et crée un film politique sur la vie de Jésus. Dans ce projet hybride et un peu fou, le réalisateur tisse habillement le récit de la Passion et des scènes de la vie de Jésus interprété par des migrants à la dure réalité quotidienne de ces acteurs amateurs.
Avant de connaître le calvaire, Jésus part donc en quête de ses disciples. Un Jésus noir, incarné par Yvan Sagnet, leader de la première grève des ouvriers agricoles en Italie du sud contre leur exploitation en 2011. Parallèlement, au rythme de citations bibliques, l’activiste, lui, part dans les «ghettos» de Matera et fonde avec les migrants la Révolte de la dignité. Démarre alors un mouvement pour les droits de ces hommes et de ces femmes, un combat contre le […]