A la mort de sa mère, qui s’est suicidée, Mona Achache découvre des milliers de photos, de documents écrits et d’enregistrements sonores de sa mère. Pour comprendre, elle décide de faire appel à une actrice, Marion Cotillard, pour incarner sa mère et faire revivre ces souvenirs. 

Little Girl Blue est une étonnante proposition de cinéma, expérimentale et hybride, une autofiction vertigineuse, sur le fond comme sur la forme, avec une Marion Cotillard sidérante. Le film propose une mise en abyme qui donne un peu le tournis puisque c’est une femme qui raconte sa mère, qui elle-même raconte sa mère. C’est l’évocation d’une lignée de mères et de filles, qui parle de transmission, d’héritage, le tout marqué par les abus, la quête de sens et de reconnaissance, et hanté par la mort. Une histoire qui parle aussi d’une époque, les années 1960-1970. Et pour la réalisatrice, le besoin sans doute d’en parler non seulement pour comprendre mais pour tenter de briser la malédiction. 

Mais le film ne serait pas la réussite qu’il est sans Marion Cotillard, qui livre une prestation ahurissante comme très peu d’actrices peuvent le faire. C’est d’abord une transformation physique, à laquelle on assiste en direct dans le film. Dans une scène assez incroyable, au début du film, Marion Cotillard devient Carole Achache, la mère de la réalisatrice, au fur et à mesure qu’elle revêt ses habits, ses bijoux, une perruque et des lentilles marrons pour ses yeux. 

Dès lors Marion Cotillard […]