Michèle Terdiman-Pire est médecin, belge puis française, et avant tout européenne. Déjà autrice d’un essai sur la médecine, de deux polars écologiques et d’un roman, elle a, après avoir visité la maison de Christophe Plantin à Anvers, voulu rendre hommage à cet imprimeur hors normes.

Michèle Terdiman-Pire, qui êtes-vous ?

Belge de père wallon et de mère flamande, ma petite enfance se passe dans une banlieue campagnarde de Bruxelles, à l’école de la rue puis chez les Ursulines, et de là dans une école européenne. Autant les Ursulines enseignent le corset du devoir, autant la toute jeune école européenne permet l’étude dans la joie et la diversité. Six nations, une entente entre elles qui se veut à toute épreuve. Les Français sont instruits en allemand, les Allemands en français.

J’écris à 11 ans ma première nouvelle. J’arrive en médecine à Paris en 68, un mariage, une naturalisation, l’écriture confinée à des lettres-fleuves aux amis.

Puis les manifestations des années 91 et 95, je me démène comme d’autres pour conserver notre sécurité sociale, barrer la route aux dérives, aux collusions entre les syndicats et le pouvoir qui adopte l’adage mercantile : réduire l’offre pour réduire la demande.

De colère, j’écris un essai dystopique, La Ville admise. Il n’a aucune audience, mais j’ai redécouvert ma passion. J’écris deux polars écolos, sur les gaz de schiste dans les Cévennes, puis sur l’hydrogène.

Proche de la retraite, j’écris un roman-fiction sur les souvenirs d’adolescence d’une femme âgée : Sans intention de nuire.

Et je redécouvre Plantin.

Pour quoi et pourquoi écrivez-vous ?

Je ne sais si j’ai une raison d’écrire. J’aime les mots, les nuances qu’ils portent en eux. J’aime le rythme d’une phrase, l’odeur qu’elle fait naître, la couleur qu’elle induit.

L’écriture m’apporte jubilation, ardeur. Petite, j’ai aimé les livres, leur odeur, leur toucher et leurs innombrables histoires. Je m’échappais dans l’aventure et m’identifiais aux personnages. J’aimais le papier, les crayons, leur arc-en-ciel de couleurs, les trousses en cuir. J’aimais les livres avec avidité. Leur achat représentait un luxe auquel mon père répondait avec […]