Bande dessinée pour adultes

« Le chêne, pas les chaînes »

Par la force des arbres, Dominique Mermoux et Édouard Cortès, Rue de Sèvres, 2023, 120 p., 20 €.

Un ex-agriculteur dépressif, à tendance suicidaire, s’éloigne du monde pour se réfugier dans une cabane au milieu d’un chêne, dans la forêt du Quercy. Il va se débourrer au rythme de la flore qui se réveille au printemps. Sa contemplation de la nature, sa sobriété, ses rituels quotidiens (« résistance quotidienne aux désordres du monde et aux siens »), ses sacrifices (« abandonner un peu de soi, laisser mourir certaines branches pour avancer ») vont lui redonner goût aux choses invisibles d’une vie connectée à la Création et aux autres.

De son avant-poste sur la beauté du monde, il s’est enforesté, afin de pouvoir sortir de sa basilique forestière. Il conclut ainsi : « La tristesse et la gaîté, si fortement liées s’embrassent désormais au lieu de se chasser sans cesse. Je les laisse se balancer ensemble dans ma forêt intérieure. »

Cette adaptation en bande dessinée du roman éponyme a en plus l’atout de ses dessins botaniques et ornithologiques.

Par Nadia Savin

Histoire

Une héroïne de l’ombre

Mireille Philip, passeuse de frontières, Patrick Cabanel, Ampelos, 2023, 94 p., 10 €.

L’engagement de Mireille Philip entre 1942-44 au plateau du Chambon en faveur des Juifs réfugiés lui a valu le titre de Juste en 1976. L’historien Patrick Cabanel tente une esquisse de biographie pour cette héroïne de l’ombre. Une enfance marquée par son beau-père, le pasteur Cooreman, figure militante de la Mission populaire du nord de la France ; une solide formation intellectuelle qui en fit une compagne active des engagements politiques et pacifistes d’André Philip, épousé en 1924 ; et surtout ce moment des années 42-44, où, seule au Chambon, elle peut donner pleinement cours à ses capacités d’organisatrice dans la production de faux papiers et la création de filières d’évasion vers la Suisse.

Tout cela s’arrête net à la Libération, quand André Philip revient en France et endosse des responsabilités nationales ; son épouse s’efface. Cependant, Mireille Philip ne fut pas une autre Simone Veil mais une épouse de son époque et de ses valeurs : il est permis de le regretter…

Par Jean Loignon
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