Le mot « Epiphanie » survit dans le calendrier à la date du 6 janvier et dans la langue savante pour désigner une apparition spectaculaire. Mais si cette fête de la tradition chrétienne n’est plus guère connue aujourd’hui, un des ses rituels reste encore massivement pratiquée : en janvier, la France républicaine tire les rois et c’est même devenu un incontournable de la vie des associations, marquant la reprise des activités après le temps des fêtes de Noël et du nouvel An. Tout le monde connaît la galette des rois, feuilletée ou briochée selon les régions, avec la fève devenue figurine glissée à l’intérieur qui permet l’élection d’un roi ou d’une reine immédiatement coiffés d’une couronne en carton et recevant l’hommage d’un toast par les convives. Cette coutume très consensuelle interpelle la laïcité et en révèle la richesse, en nous replongeant dans plus de deux millénaires de rituels religieux.

Retour en arrière

L’Antiquité romaine honorait le dieu Saturne, présent dans le calendrier car assimilé au dieu grec Chronos (le Temps) : en décembre, au lendemain du solstice d’hiver, les Saturnales étaient l’occasion d’une inversion sociale : durant quelques jours, les domestiques et les esclaves se voyaient servis par leurs maîtres et l’un d’eux pouvait être choisi comme roi des festivités par tirage au sort, à l’aide d’une fève. Parallèlement, on s’offrait des rameaux porte-bonheur liés au culte de la déesse Strenna, qui a donné son nom aux étrennes actuelles.

On sait que l’Eglise ancienne a eu fort à faire pour christianiser les divers cultes solaires du mois de décembre, souvent placés sous le signe du très populaire dieu oriental Mithra. La fixation de la date de naissance de Jésus au 25 décembre répondait à cette préoccupation. Mais une des difficultés rencontrées était la modestie des sources évangéliques relatant la naissance de Jésus. Les Evangiles de Marc et de Jean sont muets sur ce point et ceux de Matthieu et de Luc diffèrent considérablement.

C’est en effet le seul Matthieu qui mentionne l’arrivée à Jérusalem de mages orientaux venant s’informer sur la base de leurs observations astronomiques logiques de la naissance « d’un roi des juifs », déclenchant ainsi […]