Pourtant la ville n’offre pas un passé et un patrimoine protestants comparable à celui de La Rochelle, de Nîmes ou de Pau et bien sûr de Paris (qui ne détient pas ledit label). L’histoire révèle que si l’Édit, qui mit fin aux guerres de Religion et établit un des fondements de la liberté de conscience dans notre pays, a été signé à Nantes, c’est à la suite d’une péripétie mineure et finale du conflit : Henri IV devait y recevoir la soumission d’un de ses adversaires ralliés, le duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne.

Une minorité religieuse

La Bretagne (au sens ducal du nom) avait été touchée par la Réforme, notamment par la conversion d’une partie de sa noblesse, mais peu durable, celle-ci ne s’y enracina guère, probablement en raison du fort particularisme breton. La ville de Nantes reflète cette situation d’une minorité religieuse, contrainte à la discrétion dans l’espace public. Discrétion mais acceptation : une rue porte le nom d’Harouys, maire de la ville en 1572 ; cet édile refusa l’ordre donné par la Ligue catholique de massacrer les protestants nantais, dans une récidive provinciale de la terrible Saint-Barthélémy parisienne. Était-ce par une courageuse humanité ? Ou par réalisme ? De tels troubles n’auraient pas manqué de nuire au commerce d’une ville déjà ouverte à l’Europe atlantique, y compris protestante. Après l’Édit de Nantes, le culte réformé fut autorisé mais seulement à Sucé-sur-Erdre, un village à quinze kilomètres de Nantes ; les protestants locaux s’y rendaient en bateau sur l’Erdre, chantant à tue-tête leurs cantiques non sans provocation […]