Sorti dans les salles de cinéma ce mercredi 22 novembre, le film « Napoléon » de Ridley Scott fait déjà beaucoup jaser les historiens pour son manque de véracité. 20 minutes se fait l’écho de ces critiques en citant, par exemple, Patrice Gueniffey, historien français qui accuse le film d’être « woke » et « antifrançais » dans Le Point.
Un autre historien britannique affirme qu’il a déjà repéré deux erreurs factuelles rien que dans la bande-annonce du film. Dan Snow, également présentateur télé à succès, explique qu’on peut voir Napoléon tirer à coups de canon sur les pyramides de Gizeh durant la campagne d’Égypte, ce qui n’aurait jamais pu réellement se produire. Il ajoute qu’on peut voir, dans cette bande-annonce, le futur empereur assister à la décapitation de la reine Marie-Antoinette en 1793. Or, à cette époque, Napoléon n’est encore qu’un jeune capitaine et il est occupé par le siège de Toulon.
La campagne égyptienne
Le réalisateur du film, Ridley Scott, n’a pas manqué d’envoyer valser les critiques auprès de la presse, estimant que son œuvre relevait de la fiction, et non du documentaire. La sortie du film, très attendue, est en revanche l’occasion de se pencher sur certains faits de gloire du capitaine devenu empereur.
Dans The Conversation, l’historien Juan Pimentel, du Centre des sciences humaines et sociales d’Espagne, revient sur la campagne de Napoléon en Égypte, entre 1798 et 1801. Il raconte une des entreprises scientifiques les plus importantes de l’époque moderne, avec 40 000 hommes et 300 navires déployés.
L’historien explique qu’il s’agissait, pour la France révolutionnaire, de dominer une région de l’Empire ottoman afin de couper la route orientale de la Grande-Bretagne vers l’Inde. Napoléon, alors général sous le Directoire issu de la Révolution, cherchait à poursuivre ses victoires après sa campagne italienne, et à se mettre dans les pas de l’empereur grec Alexandre le Grand. Il a été accompagné, durant sa campagne militaire, d’environ 150 ingénieurs géographes ou encore naturalistes et astronomes.
Un héritage important
L’Égypte est ainsi devenue un laboratoire d’importantes découvertes scientifiques, comme la possibilité de construire un passage par le canal de Suez, avec des cartes établies jusqu’en Haute-Égypte. Geoffroy Saint-Hilaire a, quant à lui, étudié et fait dessiner les espèces zoologiques indigènes, tandis que Lelorgne de Savigny a produit une Histoire naturelle et mythologique de l’ibis. Cette espèce, momifiée en Égypte, a permis de comprendre que les espèces ne changeaient pas avec le temps, bien avant la théorie de Darwin.
Durant sa campagne, Napoléon a fondé l’Institut d’Égypte au Caire, une académie savante d’égyptologie parmi les plus réputées dans le monde aujourd’hui.