«La poésie a ses méthodes et son langage propres pour suggérer et affirmer la foi, et chercher à en transmettre les effets»: le recueil à défaut de se faire d’Yves Ughes que présente ici Jacqueline Assaël mêle «tous les registres» d’un réel qui «apprend à reconnaître et à goûter les manifestations de cette transcendance, à communier dans cette sensation, en poésie».
Une lecture en communion de foi
L’écriture d’Yves Ughes ne produit pas une poésie théologique. On y trouve rarement le mot Dieu; elle n’utilise pas de concepts doctrinaux prônant le lâcher prise ou le courage d’être, selon le vocabulaire en usage dans les milieux ecclésiaux; elle ne s’apparente pas au genre de la prière, ni vraiment à celui de la méditation spirituelle. L’auteur se défend de pratiquer un art qui soit, comme tel, une illustration et une défense de la religion chrétienne, non pas pour des raisons de tiédeur confessante – il est en effet actif au sein de sa paroisse de l’Église protestante unie de Grasse-Vence, prédicateur, rédacteur d’articles dans le mensuel Échanges –, mais pour des raisons esthétiques et existentielles. La poésie a ses méthodes et son langage propres pour suggérer et affirmer la foi, et chercher à en transmettre les effets; elle découvre des manifestations secrètes de Dieu, s’en émerveille, s’en ouvre et les partage. Elle ne répète pas nécessairement les mots de la tradition, parce qu’ils ne sont pas accessibles à tous ceux qui n’ont pas fait intimement et en toute conscience […]