Au regard de l’ héritage hymnologique de notre culture protestante, de ce corpus qui nous permet la traversée des siècles depuis la Réforme, au travers des Psaumes et cantiques, sur des mélodies des « maîtres de la musique », il peut paraître étrange de ne proposer qu’une strophe d’un chant d’envoi dont on ignore toute l’histoire ! Non, ce n’est pas un grand parmi les grands, de ces hymnes qui font battre les cœurs, vibrer une assemblée par la charge historique qu’ils portent et transmettent. Plus modestement, juste une strophe, à peine une strophe sur un air populaire, un air de valse : une valse pour chanter Dieu ! C’est bien peu, en vérité, pour développer, sinon d’y lire et de recevoir cette parole de bénédiction, de grâce qui encourage nos vies et nous aident à parcourir nos routes, dans ce tutoiement entre Dieu et nous. Placée à la fin du culte, à l’heure de partir, cette strophe nous accompagne facilement par sa simplicité et sa mélodie.
Le récit d’un marin pêcheur
Ce tout petit rien qui malgré tout a trouvé place dans notre recueil « Alléluia » et dont, je l’avoue, je ne me lasse pas. Il se fredonne volontiers comme un air de fête. Mais avant toute chose, il est associé à une histoire, celle qui m’a été racontée par Cécile, une paroissienne de Levallois-Perret, où j’ai été pasteure, et que je garde dans un souvenir reconnaissant. « Que la grâce de Dieu », c’est le récit d’un marin pêcheur de la Côte de Granit en Bretagne, le grand-père de Cécile. L’histoire d’une famille bretonne convertie au début du xxe siècle par les missions anglaises. Ce marin pêcheur avait baptisé son bateau « Calvin » et chaque fois qu’il croisait le prêtre du village, ce dernier se signait devant l’hérésie ! Et lui chantait à voix haute : « que la grâce de Dieu soit sur toi »… La grand-tante de Cécile, née aveugle, apprendra à lire et à écrire grâce à la Cause.
Touchée par l ’Évangile, cette famille, la seule du village devenue protestante, veille aujourd’hui encore sur le temple transmis par les missions à l’ÉPUdF. Une histoire de conversion, une rencontre, la mission, une fidélité, mais aussi l’exclusion, l’incompréhension, le jugement : voilà ce qui me traverse quand je le place dans la liturgie. Chant d’envoi pour accompagner nos jours et ne pas oublier les rencontres qui habitent notre ministère, et cela se fait aussi sur un air de valse !
Que la grâce de Dieu soit sur toi (ARC 882 // Alléluia 62/81)
1. Que la grâce de Dieu soit sur toi Pour t’aider à marcher dans ses voies. Reçois tout son pardon et sa bénédiction. Va en paix, dans la joie, dans l’amour.
2. Que le Maître te garde toujours Dans l’attente de son grand retour. Mets ta main dans sa main tout le long du chemin. Va en paix, dans la joie, dans l’amour.
NDLR : Une deuxième strophe a récemment été écrite. Elle ne figure pas sur le recueil « Alléluia ». Nous la mettons pour information.