Considéré comme l’un des plus grands artistes protestants, Rembrandt van Rijn avait un lien tout personnel avec la religion et ses représentations. Lecteur assidu de la Bible, il a réalisé des milliers d’œuvres tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament, parmi lesquelles près d’une centaine de gravures à l’eau-forte consacrées à des sujets religieux, une technique pour laquelle son savoir-faire était reconnu.

L’exposition temporaire «Rembrandt et la Bible. Gravure divine» présente, jusqu’au 17 mars, dans cinq salles du Musée international de la Réforme, 72 gravures de l’artiste, parmi lesquelles 45 sont consacrées à la Bible et à d’autres sujets religieux. Elle a été réalisée en collaboration avec le Musée d’art et d’histoire de Genève, qui a prêté la grande majorité des œuvres accrochées.

Les passages bibliques désacralisés

A son décès, Rembrandt ne possédait qu’un seul livre, une Bible. S’il a très fréquemment représenté ses passages, l’artiste en a désacralisé tous les épisodes afin que chacune et chacun puisse se projeter dans ces figures. Ainsi, ce ne sont pas des personnes idéalisées qu’il a peintes. Les figurants sont sa famille, ses voisins et ses amis, représentés dans leur vie quotidienne.

Les gravures sont accrochées dans l’ordre chronologique de la Bible, soit d’Adam et Eve jusqu’aux Actes des apôtres. Elles sont toutes accompagnées du texte biblique correspondant. «Cela permet de voir la manière dont Rembrandt traduisait la Bible dans ses gravures», précise le directeur du MIR, Gabriel de Montmollin. L’audioguide en dix langues permet également d’accéder avec facilité aux commentaires bibliques et historiques.

Le sacrifice d’Abraham et Adam et Eve consommant le fruit défendu sont deux des épisodes bibliques parmi la vingtaine de scènes de l’Ancien Testament que Rembrandt a gravées. Au contraire de ses prédécesseurs, Rembrandt a représenté Adam et Eve comme un couple tout à fait ordinaire, avec des pieds, des jambes et des ventres généreusement charnus! Le visage d’Adam est marqué par l’âge alors qu’Eve a des épaules trapues sous une chevelure en bataille. De quoi déstabiliser ses contemporains.

Le Christ, lumière du monde

Rembrandt a également représenté à sept reprises saint Jérôme, à qui la tradition a attribué la version canonique de la […]