A la toute fin du XIXe siècle, un ancien capitaine et un jeune homme doivent cohabiter pendant quatre semaines dans un phare isolé sur une petite île mystérieuse, au beau milieu de la mer.

Basé sur ce pitch minimaliste, le film propose un véritable cauchemar fascinant et perturbant, racontant le basculement dans la folie de deux hommes isolés devant cohabiter loin de toute civilisation.

Le réalisateur, Robert Eggers, appartient à cette génération de cinéastes qui donnent un nouveau souffle au film de genre, en particulier les films d’horreur, avec Ari Aster (HéréditéMidsommar) ou, de quelques années plus âgés, David Robert Mitchell (It FollowsUnder the Silver Lake) ou Jordan Peele (Get OutUs). Leurs films, virtuoses et complexes, sont aux antipodes des films d’horreurs commerciaux avec tous leurs poncifs, abusant des jump scares trop faciles. Ils préfèrent travailler sur l’atmosphère et le sous-texte.

The Lighthouse est de cette veine. C’est aussi une proposition radicale de cinéma, parfois même expérimentale, qui instaure une atmosphère anxiogène, hallucinatoire et glauque, parfois crasse. Mais c’est formellement assez somptueux, dans un magnifique noir et blanc, et avec un jeu virtuose autour de la lumière.

Le film est foisonnant (peut-être un peu trop), avec de multiples références, cinématographique (notamment le cinéma muet) , littéraires (Melville, Lovecraft…) ou mythologiques (Prométhée, Sisyphe…). Il est aussi perturbant, jouant à nous perdre, en brouillant les repères de temps (depuis combien de temps sont-ils vraiment sur cette île ?), en laissant l’imaginaire et la folie faire irruption dans le récit, si bien qu’on ne sait plus vraiment ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, avec ces deux hommes qui basculent dans la folie. Mais les deux […]