Zwingli naquit le 1er janvier 1484 à Wildhaus, en Suisse. À la suite de ses études, il devient curé. En 1519, il est nommé à Zurich et va entreprendre de faire passer ses idées. La première d’entre elles étant que la messe doit avoir un fondement biblique, et donc être rattachée aux Écritures. Petit à petit, Zwingli va faire glisser Zurich vers les idées de la Réforme. Pour lui, la Bible est la Parole de Dieu. Pour autant, l’intervention humaine est évidente dans le processus d’écriture de la Bible (il écrit que Marc est un résumé de Matthieu et pointe dans ses commentaires les différences voire les contradictions entre les évangiles). Si la Bible est la Parole de Dieu, il convient tout de même de l’interpréter. Pour cela, le réformateur de Zurich va ériger des principes, notamment qu’on ne peut se référer à la Bible pour confirmer nos propres points de vue. En effet, « avant de dire quoi que ce soit, ou d’écouter l’enseignement d’un homme, je ferai d’abord appel à l’intelligence de l’Esprit de Dieu […] alors seulement allez aux paroles écrites de l’évangile ».

Dieu souverain

De sa lecture de la Bible, Zwingli va tirer des convictions profondes, notamment concernant la providence de Dieu : toute sa pensée est modelée par le sens qu’il donne à la souveraineté de Dieu et par sa conviction que l’homme dépend totalement de lui. Pour Zwingli, notre salut, et de fait notre vie tout entière, vient de Dieu et dépend de Lui. De sa foi en la providence de Dieu, Zwingli va tirer la doctrine de la prédestination ou élection. Pour lui « la providence est la mère de la prédestination ». Cette doctrine vient répondre aux questions relatives à la liberté de l’homme, la justice de Dieu, le fait que Dieu est la cause de toutes choses, et que l’homme est un instrument avec lequel Dieu œuvre. Au cœur d’une doctrine qui peut paraître obscure sinon d’un autre temps, Zwingli me semble pourtant avoir une fulgurance qui donne à la prédestination (et à Zwingli) une modernité étonnante. Zwingli en effet attaque ceux qui font dépendre le salut du baptême ou de la circoncision : sont sauvés « ceux élus par Dieu et non ceux qui font ceci ou cela. » Par conséquent, et c’est là la fulgurance de Zwingli, ceux qui ne sont pas chrétiens et les enfants qui ne sont pas baptisés ne sont pas forcément damnés : « Que savons-nous de la foi inscrite par la main de Dieu dans le cœur de chacun ? ». Dieu seul sait qui est sauvé et, de ce fait, personne n’a la légitimité de juger l’autre en fonction de ses convictions, de ses croyances.

Le repas du Seigneur

Si Zwingli est considéré comme un des trois grands Réformateurs (avec Luther et Calvin), il est surtout connu pour s’être opposé à Luther sur la compréhension de la Cène. Au sujet des sacrements, Zwingli n’en reconnaît que deux, et encore : il n’aime guère ce terme qui est pour lui mal compris par le peuple. Il préfère parler de signe. C’est de là que vient peut-être sa compréhension de la Cène, compréhension qui va l’opposer à Luther. Zwingli considère en effet que la présence du Christ est symbolique dans le pain et le vin, tandis que Luther argue qu’elle est bien réelle. Cette dissension entre les deux va connaître son point d’orgue avec le dialogue religieux de Marburg en 1529 où les différents réformateurs vont trouver un point d’accord sur 14 articles relatifs à la Cène, le quinzième manifestant la persistance du désaccord sur la question de la forme de la présence du Christ lors de la Cène. Zwingli mériterait d’être davantage lu et connu, car il occupe une place toute particulière dans ce bouillonnement qu’est la Réforme.