Par André Bonnery, président du consistoire de l’Aude

« Thomas n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent : Nous avons vu le Seigneur. Il leur répondit : Si je ne vois pas dans ses mains la trace des clous, si je n’enfonce pas mon doigt à la place des clous et si je n’enfonce pas ma main dans son côté, je ne croirai pas. Huit jours plus tard, les disciples étaient réunis à la maison et Thomas était avec eux. Jésus vint, toutes portes verrouillées, il se tint au milieu d’eux et leur dit : La paix soit avec vous. Ensuite il dit à Thomas : Avance ton doigt ici et regarde mes mains ; avance ta main et enfonce-la dans mon côté, cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi. Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu. Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. »
Source : Jean 20.24-29

Avec le récit des disciples d’Emmaüs, celui du doute de Thomas est l’un des épisodes les plus connus des apparitions de Jésus. Paradoxalement, Thomas est devenu le prototype du rationaliste qui ne croit en rien d’autre que ce qu’il voit, alors que le récit de Jean est destiné à conduire le lecteur vers la foi en Christ ressuscité.

Une image savamment construite

Tout, dans la composition du tableau, est fait pour attirer le regard vers le doigt de Thomas s’enfonçant dans le côté de Jésus. Il y a d’abord la dimension compacte de la toile qui n’invite pas à la dispersion. Il y a ensuite la composition massive du groupe de quatre hommes, leurs têtes se rejoignant pour former le sommet d’une pyramide s’élargissant vers le bas. La lumière, venant d’en haut à gauche, éclabousse le vêtement blanc du Ressuscité et une partie de son buste, le crâne chauve de l’un des disciples ainsi que le front et la main de Thomas. Elle fait éclater le rouge du vêtement d’un autre, devient plus nuancée, mais toujours aussi chaude en accrochant la manche de Thomas. Par contre, elle disparaît dans le reste du tableau, laissant se dissoudre dans la pénombre des parties du corps, noyant dans les ténèbres l’environnement de la scène, pour ne retenir que l’essentiel : le regard des quatre convergeant vers le doigt de Thomas dans la blessure du côté de Jésus.

Le Ressuscité, à demi drapé dans un tissu blanc, allusion au caractère spirituel de l’apparition, occupe la moitié de la pyramide des autres personnages, sans les écraser. Le peintre montre ainsi sa […]