Il faut donc avoir l’œil attentif à quelques plaques de rues et surtout bénéficier de la compétence d’érudit·e·s2 locaux pour accéder à la mémoire protestante enfouie. En effet, Saumur a connu au XVIIe siècle une parenthèse enchantée, par la grâce d’un personnage de premier plan, Philippe Duplessis-Mornay (1549-1623). Ce seigneur francilien voua sa vie à « la Cause » (protestante) et mit ses talents d’homme de guerre et de diplomate au service d’Henri de Navarre durant les guerres de Religion, tout en étant un théologien averti et un penseur politique. Mais la coexistence avec un Henri IV désormais converti au catholicisme fut ombrageuse et Duplessis-Mornay, nommé gouverneur de Saumur en 1588, se consacra alors à sa ville d’adoption. Il fit de cette place forte stratégique une sorte de campus protestant, par le biais d’une Académie qui draina des enseignants d’élite et à leur suite des imprimeurs et des libraires ; des jeunes gens fortunés venaient de toute l’Europe protestante et, s’ils étudiaient activement la théologie, ils ne négligeaient pas l’art équestre imposé par leur rang social, d’où les premières installations hippiques promise à l’avenir que l’on sait. Saumur s’enorgueillit d’avoir accueilli entre autres le jeune William Penn, futur fondateur anglo-américain de la Pennsylvanie, modèle en […]