Je suis protestant évangélique, et je l’assume pleinement, même, et peut-être surtout, à l’heure où un certain nombre de nos politiciens se rendent coupables de divers amalgames et raccourcis à propos des évangéliques (ou plutôt des évangélistes comme ils s’obstinent à nous appeler !) (cf. mon article)…
Je suis donc, sans hésitation, un protestant évangélique. C’est ma famille spirituelle. Mais il peut arriver qu’on se sente en décalage avec sa propre famille, qu’on ne cautionne pas tout ce qui s’y dit et ce qui s’y vit. C’est un peu mon sentiment… je me sens en décalage avec la sous-culture évangélique.
Je parle de sous-culture parce qu’elle se positionne souvent en opposition à la culture (ou aux cultures) d’aujourd’hui. Elle se perçoit comme “séparée du monde”, et se vit en vase clos. Elle a son langage, ses codes, ses stars, ses concerts (de louange)… Et elle est un peu jalouse de ce qu’elle est. Ainsi quand une star comme Kanye West sort un album et s’en réclame, on refuse de l’accepter dans cette sous-culture, sous prétexte qu’il ne peut pas être sincère.
Mais cette sous-culture évangélique, telle que je la perçois, me semble assez pauvre et terriblement réductrice. Elle a tendance à cantonner les expressions artistiques à la musique, omniprésente à travers les cantiques. Et ces derniers sont aujourd’hui trop souvent – même s’il y a des exceptions – d’une grande pauvreté musicale et prosodique…
En fait, ce qui me dérange le plus, c’est que la sous-culture évangélique, en matière d’expression artistique, est souvent non seulement pauvre mais exclusivement utilitariste. On considère une expression artistique légitime seulement si elle est utile au sacro-saint moment de louange, ou si elle a une visée explicitement évangélisatrice. En dehors de ces deux perspectives, l’art est suspect…
Or, l’artiste pose souvent plus de questions qu’il n’apporte de […]