Simon Kabue Mbala, qui êtes-vous ?

Je suis pasteur presbytérien, membre de l’Eglise du Christ au Congo. Je suis professeur de Nouveau Testament à l’Université Presbytérienne du Congo, située à Kananga (ex Luluabourg), dans le Kassaï occidental. Je suis né le 23 novembre 1962, d’une famille protestante. Je suis marié, et père de 6 enfants.  L’Université Presbytérienne du Congo où je travaille est structurée en deux facultés, la faculté de théologie, et celle de droit. La faculté de théologie a 104 étudiants. La faculté de droit en compte 276. Je suis moi-même doyen de la faculté de théologie.

Pouvez-vous nous décrire le paysage des médias audiovisuels francophones ?

A Kananga, nous avons au total 15 radios et télévisions, dont une officielle. Tous ces médias sont francophones et proposent également des programmes en langues locales. Quatre chaînes appartiennent à des Églises, et 12 sont privées. Sur les quatre chaînes détenues par des Églises, deux sont protestantes, deux sont catholiques. Les catholiques sont minoritaires ici, les missionnaires protestants sont venus en premier à Kananga.

Comment recourt-on à ces médias dans votre université ?

Les étudiants consultent ces médias selon les programmes, les émissions, mais ils participent aussi directement. Des enseignants de l’université animent certaines émissions et y associent des étudiants. Par exemple, il y a une émission religieuse qui passe à la radio chaque dimanche, avec une prédication. Moi-même j’anime cette émission et j’associe les étudiants en théologie. Quand il y a des grands événements dans les médias, l’université les diffuse sur un téléviseur pour que les étudiants viennent regarder.

Ce qui passe sur les écrans et les ondes est d’abord une production locale, c’est bien ça ?

Exactement. Ce sont d’abord des émissions locales. Nous sommes une province enclavée, au centre du Congo. Venir, c’est coûteux. Mais il y a de temps en temps des invités extérieurs. On invite des leaders d’autres églises, des non-congolais. Quand cela se produit, c’est montré à la télévision. Je pense à l’évangéliste allemand Reinhard Bonnke, mais aussi des Nigérians, des Ivoiriens, des Congolais du Congo Brazzaville, du Cameroun francophone aussi. Il arrive aussi que pour de très grands événements, on se branche sur les médias internationaux, par antenne parabolique. Mais la plupart du temps, nous avons des émissions locales.

Connaissez-vous les programmes francophones européens ? 

Moi oui, car j’effectue un séjour en France. Ici je peux visionner Présence Protestante, ou découvrir Regardsprotestants. Mais à Kananga, ces programmes ne sont pas du tout connus. Je dirai la même chose des médias de la diaspora congolaise comme Casarhema (un portail congolais avec chaîne YouTube). Ces médias sont connus en Europe, et un peu à Kinshasa, la capitale. Mais dans le Kassaï, on ne les reçoit pas. Ce que l’on connaît, ce sont les programmes locaux.

Quel rôle joue Internet ? 

Nous avons moins accès à Internet qu’à Kinshasa. Il faut pouvoir payer et se rendre dans un cybercafé. Mais l’électricité est rare, alors… Dans la plupart des cas, ce sont des étudiants, qui font leur recherche ensemble avec leurs enseignants, et aussi certains intellectuels à la recherche de l’une ou l’autre information. Le téléphone portable est beaucoup plus utilisé.

Comment les médias religieux sont-ils véhiculés par téléphone ? 

Les grandes sociétés de télécom s’entendent avec certains pasteurs, qui font passer leur message par SMS avec un code. Il y a un message qui « tombe » régulièrement. En activant le code, vous pouvez consulter le message. Cela peut être une prière, une prédication, une annonce de miracle. C’est une pratique assez répandue. Dans le Kassaï, le téléphone portable prime largement sur la télévision ou l’ordinateur.