1/ Alain, pouvez-vous vous présenter ?
Mon nom est Alain Timothée Zeevakumar. J’habite en France, en région parisienne, dans le département du 94. Je suis marié, et j’ai deux fils. Je travaille dans l’administration, en tant qu’adjoint administratif. Je suis chrétien pratiquant et je suis membre actif de l’Eglise Paris Centre Chrétien à La Courneuve (93) dont le pasteur est Dorothée Rajiah.
2/ Quel a été votre parcours spirituel ?
Ma conversion à Christ remonte à l’année 1986, en Inde. Mon père était de religion hindouiste, Et ma mère était catholique. J’ai été élevé dans ces deux grandes religions, avec la discipline, les rites, la foi, tout cela, mais sans y adhérer en profondeur. C’est à l’âge de 16 ans que j’ai entendu la Parole de Dieu, cette Parole qui a changé mon cœur, et ainsi la foi est venue. Quand cela s’est produit, j’étais chez-moi Pondichéry, des personnes ont chanté avec des tambours dans la rue, je suis sorti, j’ai écouté leur chanson qui parlait de Jésus, ils ont prêché l’Evangile. Quand j’ai écouté cela, j’ai été touché. Depuis ce moment, j’ai voulu connaître ce qu’est le christianisme. Je suis ensuite allé dans une église protestante j’ai écouté la parole et j’ai été profondément touché. C’était une église de frères (Assemblée de Frères). C’est là que j’ai eu ma première Bible. Quand j’ai commencé à la lire, j’étais fasciné, je voulais la lire le plus vite possible. Noé, Abraham, Isaac, Jacob, prenaient vie sous mes yeux. Ensuite, j’ai commencé le Nouveau Testament, cela m’a bouleversé.
J’ai pris la décision de suivre Jésus-Christ, je voulais aller à l’église tous les dimanches mais mon père a été un grand obstacle pour moi. Hindou pratiquant, il ne voulait pas que son fils pratique une autre religion. Mais, je ne regardais pas le christianisme comme une religion. Pour moi Jésus Christ était mon sauveur, lui seul pouvait écouter toutes mes prières et changer ma vie dans tous les domaines. Et j’ai pris un grand risque.
En 1986, j’avais 23 ans, j’ai commencé à aller à l’église régulièrement. Mais mon père, m’a alors dit : « si tu veux aller à l’église il faut que tu quittes cette maison … ». J’aimais mon père, j’ai toujours respecté mon père, mais, je ne pouvais pas rester dans cette maison car en plus de cela, il m’interdisait de lire la Bible. Malgré les oppositions, j’ai commencé à aller à l’église régulièrement, puis j’ai pris le baptême, et je me suis mis tout de suite à prêcher l’Evangile. De 1986 à 1990, j’ai traversé des centaines de villages, distribué des milliers de tracts, prêché Christ. IL y a eu beaucoup de résistance, et aussi beaucoup de réponses positives.
3/ Comment s’est passé votre arrivée en France ?
Pondichéry est une ancienne colonie, elle possède un lien fort avec la France. Mes arrières grands-parents ont servi l’armée Française et possédaient la nationalité française, je suis alors venu en France pour le travail. C’était en 1990. Au départ, je ne suis pas allé à l’église. Je ne trouvais aucun am chrétien autour de moi et je n’avais pas d’adresse d’église. Durant trois ans, j’ai vécu ma foi en famille, sans lien avec une assemblée. A partir de 1993, quelqu’un m’a présenté une Eglise tamoule, celle du pasteur Abel Ganeshan, l’Eglise Sion, en région parisienne. Cet homme était un homme plein d’amour, de courage, et de détermination pour Dieu. J’y ai reçu le baptême de l’Esprit. Je l’ai fréquentée jusqu’en 1997. Puis ma femme et moi-même avions dû quitter l’église, en bon terme avec le pasteur.
Etant sans église, le seigneur nous a indiqué l’église du pasteur Indien (et tamoul) Selvaraj Rajiah (devenue Paris Centre Chrétien). C’est une grande Eglise avec beaucoup de diversité, qui prêche l’Evangile avec puissance. Je m’y suis beaucoup plu et j’y suis resté depuis. Sa prédication pentecôtiste et biblique m’a tout de suite convenu.
4/ Quelles différences vous frappent entre la France et l’Inde en matière de témoignage chrétien ?
Jusqu’à aujourd’hui, je n’arrive pas à travailler à l’évangélisation comme en Inde. Au départ, en région parisienne, j’avais l’intention d’opérer comme j’en avais l’habitude en Inde, et de prêcher ouvertement l’évangile, de chanter, prier pour les gens dans les rues. En Inde, la maison de mes parents était ma base, j’étais nourri, et je pouvais aller dans les villages autant que je voulais pour prêcher. Ici, je dois travailler, et il y a beaucoup de restrictions. En Inde, également, je m’adressais à un environnement rural. En France, j’habite en région parisienne, c’est très différent. Mais je voudrais préciser ceci : il n’y pas tant de différences entre l’Inde et la France en matière de prédication de l’évangile. Ce sont plutôt les écarts de contexte social qui comptent. Quand on est en ville, en Inde comme en France, les gens sont pressés, n’ont pas le temps. A la campagne, le rythme est très différent, on peut parler plus facilement. Je l’ai vérifié aussi en France lorsque j’ai eu l’occasion de circuler en province, et d’aller à la campagne. C’est très différent de Paris, il y a plus de simplicité et d’écoute.
5/ Quel rôle joué par la langue française ?
A l’église de Sion où je suis allé au départ, après mon installation en France, tout était en langue tamoule. Les chansons en tamoul, la prédication, les prières, tout. Maintenant, il y a des traductions vers le français. Les églises tamoules en France prennent de l’expérience, et il y a aussi une seconde génération, plus francophone. A Paris Centre Chrétien, l’essentiel est en Français, mais avant le décès du pasteur Selvaraj Rajiah (le 26 décembre 2011, ndlr), les prédications étaient en anglais, traduites en français. La langue n’est pas un problème pour moi. Je parle tamoul, anglais, français.
6/ Du point de vue évangélique tamoul, comment voyez-vous les liens France – Inde ?
Il y a des échanges. En France même, les Eglises tamoules sont généralement en relation les unes avec les autres. J’ai toujours des contacts avec mes anciens frères et sœurs d’avant PCC (Paris Centre Chrétien), notamment avec une dizaine de pasteurs tamouls basés en région Parisienne. Des prédicateurs et évangélistes tamouls visitent la France, notamment le Dr Paul Dinakharan, qui a été à PCC en 2005-2006. Les liens ne sont pas fréquents, mais ils existent et sont assez réguliers. Par exemple, dans mon Eglise, Samson Rajkumar ou John Rajiah viennent de temps à autres. Internet est maintenant une porte ouverte pour nous. Dans tous les domaines. Sur Youtube, Je regarde plusieurs églises, prédicateurs. Mais je m’intéresse au monde entier. Ce qui m’importe, c’est que le message soit chrétien, pas qu’il soit tamoul.